Quarante-six ans après sa mort en 1975, Joséphine Baker revient est revenue en pleine lumière mardi en entrant au Panthéon pour y rejoindre les grandes figures françaises grâce à sa vie "incroyable" d'artiste de music-hall, de résistante et de militante antiraciste. Son cénotaphe (un cercueil ne contenant pas la dépouille, restée dans le caveau familial), porté par des militaires de l'armée de l'air dont elle était sous-lieutenant, est entré sous la coupole du Panthéon vers 18h30. Au cours de la cérémonie, le président Emmanuel Macron a saluéune femme engagée qui a voulu "prouver aux yeux du monde que les couleurs de peau, les origines, les religions pouvaient non seulement cohabiter mais vivre en harmonie". "Vous entrez dans ce Panthéon où s'engouffre avec vous un vent de fantaisie et d'audace. Pour la première fois ici une certaine idée de la liberté et de la fête", a-t-il dit lors de son discours. "Vous entrez dans ce Panthéon parce que, née américaine, il n'y a pas plus française que vous". Femme, noire, artiste de scène et née à l'étranger, Joséphine Baker n’est que que la sixième femme sur 80 personnages illustres à y entrer après Simone Veil en 2018. Le cénotaphe, couvert du drapeau français, restera toute la nuit dans la nef. Mercredi, au cours d'une cérémonie familiale, il sera installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l'écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l'an dernier.
Née le 3 juin 1906 dans une famille pauvre de Saint-Louis (Missouri) d'une Amérindienne noire et d'un père d'origine espagnole, Joséphine Baker a rejoint Paris à 19 ans pour tenter sa chance. Elle devient la vedette de "La Revue Nègre" au théâtre des Champs-Elysées en acceptant avec réticence d'apparaître seins nus. "Si je veux devenir une star, je dois être scandaleuse", justifie-t-elle à l’époque. "C'est la France qui m'a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle", affirme aussi celle qui se disait ravie d'être "devenue l'enfant chérie des Parisiens" et qui a obtenu la nationalité française le 30 novembre 1937. "J'ai deux amours, Paris et mon pays", sa chanson la plus connue, a été jouée avant la cérémonie par la Musique de l'armée de l'air à l'arrivée du cercueil.
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