On se délecte des histoires de réussite comme celles de Bill Gates ou Steve Job qui ne sont pas allés loin dans leurs études, mais qui sont aujourd’hui à la tête de fortunes.
On n’hésite pas à les citer comme des modèles de réussite individuelle, une réussite fondée sur l’exploitation d’une idée de génie, à l’exemple du film de Jean-Pierre Jeunet, “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain” (2001), où l’héroïne, une serveuse dans un bistrot de Montmartre, eut l’idée lumineuse de saler son beurre en été et de le vendre sur les marchés anglais en hiver.
Les exemples de réussite d’individus qui, partis de rien, ont réussi à créer une activité qui leur a permis de se hisser au sommet de l’échelle sociale grâce à un travail acharné, la détermination et le courage fait légion.
Tout séduisantes que sont ces exemples, on ne peut s’empêcher de se poser une question: l’entreprenariat est-il à la disposition de tous? En d’autres termes, tout le monde peut-il réussir dans l’entreprenariat?
Cette question, en apparence anodine, est extrêmement pertinente au regard de l’engouement que suscite l’entreprenariat auprès des instances éducatives et d’insertion professionnelles ivoiriennes, et même des partenaires internationaux au développement.
Sous ce rapport, plusieurs efforts tant structurels qu’institutionnels ont été engagés.
Au sens général, l’entreprenariat est “une activité impliquant la découverte, l’évaluation et l’exploitation d’opportunités, dans le but d’introduire de nouveaux biens et services, de nouvelles structures d’organisation, de nouveaux marchés, processus et matériaux, par des moyens qui, éventuellement, n’existaient pas…”.
Cette définition, si pertinente soit-elle, omet de souligner le fait que l’entreprenariat est une valeur spontanée, suscitée de l’intérieur et non provoquée, encore moins imposée. Et c’est ce qui, justement, pose aujourd’hui problème avec la manière dont on fait la promotion du concept en Côte d’Ivoire. Non seulement, on fait croire que l’entreprenariat peut résoudre l’épineux problème du “chômage” et du sous-emploi des jeunes, donc on multiplie les initiatives à ce propos, mais encore on croit que chaque jeune entrepreneur va devenir un Jeff Bezos sans soutien ni accompagnement.
Par ailleurs, il y a aussi un fait que les autorités semblent ignorer, l’esprit d’entreprise ne naît pas ex-nihilo, il prend appui et fleurit dans un environnement culturel adéquat qu’il faut prendre le temps de cultiver et de favoriser.
Enfin, l’idée que l’on naît avec la fibre entreprenariale est apparemment méconnue. En effet, bien que l’idée selon laquelle l’on aurait une prédisposition à l’entreprenariat est sujet à débat, il est de plus en plus démontré qu’il existe des gênes qui sont à l’origine de l’esprit d’entreprenariat, notamment les DRD2 et DRD4 (https://theconversation.com/et-si-la-reussite-entrepreneuriale-etait-une-affaire-de-genetique-83370)
En conclusion, il faut dire qu’à défaut de pouvoir agir sur les gênes des individus pour les doter des fameux gênes ci-dessus cités, il y a lieu de créer une culture de l’entreprenariat à travers des cours depuis l’école maternelle et/ou primaire, à l’université en faisant intervenir des entrepreneurs accomplis, des fora où les jeunes qui ont des idées novatrices seront financés et activement soutenus.
Nous envions les pays développés sans, pour autant, savoir que le fondement de leur richesse, c’est l’innovation entreprenariale.
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