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Point de vue

À l’heure de l’IA, quelle unité d’échange remplacera la monnaie unique ?

Les analystes politiques n’en font pas un secret ; la société de demain sera truffée d’intelligence artificielle. Aux côtés de celle-ci, une robotisation de l’économie concernera l’immense majorité des secteurs d’activité. De facto, la main d’œuvre ne constituera plus l’élément principal de notre système capitaliste qui, jusqu’ici, repose sur un équilibre parfaitement huilé, composé d’un attrait conséquent et commun à l’endroit d’un enchanteur moyen d’exercer de la puissance ; la monnaie traditionnelle !

Son nom importe peu – et qu’elle arbore avant-hier Molière et hier Pascal, ou qu’elle soit comptabilisée numériquement –, la monnaie, la seule, l’unique, la vraie, celle que l’on peut s’échanger aussi bien entre citoyens qu’entre Etats, traduit en une unité de mesure commune, la valeur du travail. Une valeur qui sert aussi bien à quantifier ce que l’on mérite que ce que l’on doit !

Dans un avenir au sein duquel le travail des caissières sera qu’un vieux souvenir, le tracé manuel d’un architecte qu’un geste désuet, le labeur des employés de ménage qu’une tâche ingrate savamment confiée à des robots semblables à ceux qui supplanteront les besognes de presque tous les ouvriers, il semble évident que le déploiement de l’énergie physique de ceux qui composent la majorité d’une collectivité, ne sera plus d’usage pour asseoir les bases d’un système monétaire.

Jusqu’à ce jour, le schéma est limpide et équivalent dans toutes les nations que l’ONU reconnaît du haut de son siège new-yorkais. Les peuples travaillent, les femmes et les hommes se lèvent presque chaque jour pour bouger ou penser au profit d’une entreprise ou d’un pays en partageant un objectif commun ; celui de gagner de l’argent – une finalité universelle dont même les Etats avouent se désaltérer !

Il faudrait être déficient mental pour ne pas comprendre ce modèle économique, dans lequel même ceux-ci, s’ils ne sont pas en capacité de générer de l’argent afin d’assurer la pérennité de leur quotidien, verront d’autres humains se charger de travailler pour que la société puisse les assumer.

En effet, tout est clair, simple, quantifiable ! Ceux qui travaillent parviennent à s’octroyer leurs apports alimentaires et à se procurer de quoi se loger ainsi qu’à s’assurer une hygiène correcte. Ceux qui ne travaillent pas – eux – qu’ils soient atteints d’un sévère handicap ou de la plus répandue des maladies – celle qui représente la rançon de la mort –, verront à leur disposition, l’exploitation du travail des actifs afin de subvenir également à leurs besoins élémentaires. Les pensions comme les retraites sont financées par les travailleurs qui dépensent l’énergie que leurs corps fabriquent, et le temps que les battements de leurs cœurs voudront bien leur donner. Par conséquent, il n’existe pas de place pour le doute ; jusqu’ici, que l’on travaille ou que l’on ne travaille pas, son quotidien est financé par l’emploi – le sien, ou celui d’un autre !

Mais demain, à l’heure à laquelle sonnera le glas, lorsqu’il n’existera plus qu’une infime minorité d’emplois, quelle sera l’unité de mesure qui servira à gérer presque huit milliards d’êtres humains qui occupent cette terre ?

Tant que nos échanges se font entre humains, il y a toujours moyen de se comprendre ; il suffit de payer, de travailler, de faire don d’un peu d’argent pour assister autrui, ou de se faire offrir du capital, et chaque bien ou service disponible sur le marché devient alors monnayable. Ce modèle fonctionnera jusqu’au moment où l’exploitation des masses populaires sera nécessaire pour servir, fabriquer, contrôler ou nettoyer.

Le jour où la robotisation se sera franchement démocratisée, et durant lequel l’intelligence artificielle parviendra à exercer la majeure partie des tâches devant être effectuées pour une entreprise, la partie la plus conséquente de la population mondiale ne sera plus en mesure de mettre sur le marché son énergie et son temps, en échange d’un minimum d’argent permettant d’assumer financièrement ce qu’il est juste d’appeler le coût de la vie.

Ceux qui travaillent aujourd’hui – pour un grand nombre – consomment chaque mois un tiers de leur salaire pour payer un loyer ou rembourser un emprunt. Le système étant cohérent, bien souvent, plus le salaire est élevé, plus il existe de confort immobilier ! Mais demain, avec 70% d’emplois en moins, dans l’intervalle, il y aura également la suppression de 70% de salaires !

Un comptable que l’on ne paiera plus pour qu’il compte, deviendra un éventuel emprunteur sur qui l’on ne pourra plus compter ! Un maçon que l’on n’emploiera plus pour monter des parpaings, deviendra probablement un locataire qui ne sera plus en mesure de troquer un abri en dédommageant un propriétaire à l’aide de l’aguicheuse qui parvient à charmer n’importe qui depuis des siècles ; la monnaie !

Avec l’effondrement du salariat, l’immobilier, qu’il soit locatif à titre individuel, ou bien spéculatif à une plus grande ampleur, perdra tout son équilibre !

Jusqu’à présent, nous échangeons tous nos nécessités, nos rêves et nos besoins avec de l’argent, parce que disposons tous d’un crédit qui représente le fruit du travail. Certains exercent une profession, d’autres exploitent l’énergie d’humains moins avantagés socialement, et d’autres encore ont, misent à leur disposition, des cotisations d’actifs imposables ! Quelques-uns peuvent jouir d’un confort démesuré, une majorité, de quelques divertissements, et seule une infime minorité de la population mondiale ne dispose pas du minimum de fortune nécessaire au maintien d’une hygiène décente et d’une alimentation permettant de survivre.

Mais demain, dans une société dont la structure ne sera plus constituée d’un équilibre financier régi par une monnaie unique, quelle sera l’unité d’échange qui permettra de gérer la population mondiale ?

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