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Coronavirus : comment l’Australie s’en est sortie ?

Comme en France, les enseignes ont baissé leur grille, les unes après les autres. Comme en France, les rues se sont vidées, à l’image d’un dimanche froid d’hiver. Comme en France, les chaises des restaurants se sont empilées, finissant par prendre la poussière au fond de la salle. Comme en France, on a mis sa vie en pause. Pas de sortie, peu d’amusement, beaucoup d’attente. Face à l’épidémie de Covid-19, l’Australie a fermé ses frontières en mars 2020, comme en France.

Mais, ce premier confinement n’a pas permis d’éradiquer le virus. Dans l’état du Victoria, les cas n’ont fait qu’augmenter avec l’arrivée de l’hiver, en particulier à Melbourne sa capitale qui compte près de cinq millions d’habitants. Le 9 juillet dernier, cet état du Sud-Est du pays a reconfiné toute sa population et fermé ses frontières avec le reste du territoire.

Le confinement, la solution ?

C’est une situation quasi-unique et l’un des plus long confinements mis en place au monde. L’État du Victoria s’est d’abord reconfiné localement le 30 juin 2020 avant que l’ensemble du territoire ne soit concerné, soit près de sept fois la taille de la Belgique. Tout était fermé, sauf les supermarchés et les hôpitaux, et un couvre-feu était en place entre 20h et 5h. Cent douze jours de confinement, près de quatre mois. Trop longtemps pour Sherry, qui habite dans un des quartiers de Melbourne : « Psychologiquement, ce deuxième confinement était dur ! Je travaille depuis la maison, j’y ai passé tellement de temps que j’ai l’impression de faire partie des meubles maintenant ! »

Les entrées dans le pays ont été régulées et limitées : seuls les citoyens et résidents pouvaient rentrer, après être passé par une liste d’attente longue comme le bras. La quarantaine était obligatoire, dans des hôtels désignés et aux frais des voyageurs. Une politique singulière, critiquée mais qui a su être efficace, comme l’indique Sherry : « C’est vraiment très important pour les gouvernements de mettre en place des politiques de restrictions ou de régulation. Je pense que l’Australie et en particulier l’état du Victoria et Dan Andrews, son premier ministre, a pris en compte l’aspect sociologique : c’est important de protéger les gens qui vivent ici, il faut protéger les citoyens avant de protéger l’économie.»

Le 26 octobre, l’état a annoncé le premier jour sans nouveau cas. Le 28 octobre, ils se déconfinaient. Entre le 31 octobre et le 10 décembre, aucun cas n’a été déclaré dans tout l’état alors que le pic atteignait les 687 nouveaux cas le 4 août 2020. Est-ce que la crise aurait pu être mieux gérée ? D’après Sherry, le manque d’implication dans l’aide aux minorités est certainement le gros point noir de cette politique de régulation : « Melbourne est une ville très multiculturelle, mais toutes les informations au sujet des préventions étaient systématiquement en anglais. Il aurait fallu davantage accompagner les différentes communautés et malheureusement la communication était inégale. La langue c’est un vrai challenge pour eux. Comment va t-on informer les gens, faire passer les informations, je pense que c’est une vraie question et un vrai défi. La seule aide financière que les migrants ont pu obtenir vient de la croix rouge, mais il fallait remplir tout un tas de conditions, dont celui d’avoir moins de 1000 dollars australiens sur le compte et même ça, ne donnait accès qu’à une centaine de dollars, obtenus grâce à l’argent du fond d’urgence, à peine de quoi payer un loyer ou de quoi se nourrir. »

Au 1e novembre, c’est le pays tout entier qui détenait le nouveau record d’aucun cas détecté, une première depuis le 9 juin 2020. Hier, le 14 décembre, sept cas ont été recensés dans l’état du Victoria, tous venant de personnes contaminées à l’étranger et revenue sur le territoire. Ces mesures drastiques seraient-elles la solution ? Alors que l’Allemagne se reconfine demain (16/12), après avoir mis en place un des confinement les plus légers d’Europe, vont-ils suivre l’exemple australien ?

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Commentaires

Marie (non vérifié) , mar 22/12/2020 à 18h14
Merci énormément pour cet article qui nous donne un bon aperçu de ce qui se passe ailleurs !
Personnellement, je pense qu'il faut à chaque fois trouver un juste milieux. 4 mois de confinement pour combattre le virus, c'est peut-être une solution. Mais combien de vies on sauve à la fin ? Et combien de vies on brise ? Les dégâts psychologiques, les dégâts économiques qui entraînent des faillites des entreprises familiales- des gens qui se retrouvent sans travail-- qui consomme du coup moins-- et cela repart pour un tour pour les nouvelles entreprise en difficulté. Et comme cela sans cesse. Avec le confinement nous évitons beaucoup de morts-- et c'est très important. J'espère que l'on en crée pas davantage.
Prenez soin de vous et restez en bonne santé.
Chère Marie, merci infiniment pour votre gentil message. Je vous souhaite un joyeux Noël et de très belles fêtes de fin d'années. Prenez soin de vous.
Marion
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