De la numérologie aux thèses complotistes ou quand la spéculation sur les chiffres peut conduire aux théories les plus fumeuses. Beaucoup de chiffres ont été manipulés, le numéro des vols, le nombre des victimes... jusqu’à la silhouette des tours formant un gigantesque 11. Bien sûr, la date du 11 septembre a, elle aussi, été interrogée.
En Amérique du Nord, le 911 est le numéro téléphonique des urgences au même titre que le 112 en Europe. Aux États-Unis, 9-11 est la manière abrégée d’écrire la date du 11 septembre. Il n’en fallait pas plus pour créer un événement. C’est le président Ronald Reagan, en 1987 qui lance le « 911 Day », afin de rendre hommage aux standardistes du numéro d’urgence qui, chaque année, traitent plusieurs centaines de millions d’appels. Cette journée particulière n’a pas été supprimée après le 11-Septembre, qui est aussi une date pour mettre en valeur le dévouement des pompiers et autres urgentistes. Mais, il faut bien l’avouer, le Patriot Day a bien éclipsé cette date. D’ailleurs, les attentats ont souligné la limite de la plate-forme du 911 qui a été saturée d’appels ce jour-là et a cessé d’être opérationnelle pendant plusieurs heures.

Cette année, c'était les 4 et 5 juin. https://alabama.travel/upcoming-events/haleyville-s-911-festival
Les Chinois sont eux aussi adeptes de la spéculation sur les chiffres. En Chine, le numéro d’urgence est le 119. À Taïwan, où on lit la date à l’européenne, c’est le 11 septembre que l’on célèbre ce numéro d’appel. Sur le continent, on fait cela le 9 novembre. Voilà, une autre date (celle de la chute du mur de Berlin) qui a infléchi le cours de l’Histoire.

Le culte des chiffres a vite amené certains à s’étonner de la coïncidence entre le 911 et la date des attentats, se demandant si ce n’était pas une manière d’« ajouter l’injure à l’insulte » (add insult to injury) pour reprendre l’expression américaine. À quelle urgence est-il fait allusion ? Quel est le message des assaillants ? De quel 11 septembre du passé est-on redevable ? L’Histoire a très vite été sondée en profondeur. N’est-ce pas un 11 septembre (en 1609) que Henry Hudson fut le premier Européen a débarquer sur l’île de Manhattan, point de départ de la colonisation ? N’est-ce pas un 11 septembre (en 1786) que s’est ouverte la convention d'Annapolis dont l’objet était de redéfinir les relations entre les États qui formeront les États-Unis ? N’est-ce pas un 11 septembre (en 1941) que fut posée la première pierre du futur Pentagone à Arlington près de Washington ? Mais, les terroristes savaient-ils tout cela ?
N’empêche que les rumeurs et spéculations ne se sont pas arrêtées là. Certains adeptes des théories complotistes notent que des réseaux occultes associés à la CIA ont su orchestrer une série de coups d’État en Amérique latine pour en maîtriser l’évolution politique. Pourquoi les mêmes réseaux, dépourvus du moindre scrupule et aveuglés par ce qu’ils estiment être la raison d’État, n’auraient-ils pas organisé une série d’attentats spectaculaires visant à faire accepter à la fois une réduction des libertés publiques et une politique d’intervention extérieure à un peuple américain tenté par le repli sur soi. La date choisie aurait été une référence à celle du coup d’État le plus symbolique, celui de Pinochet, le 11 septembre 1973.
Ce texte est extrait de l'ouvrage : Les 11-Septembre, celui des Américains, des Chiliens, des Catalans et tous les autres Par Kader Abderrahim, Eduardo Olivares Palma, Maria Poblete, Cyril Trépier...
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