La candidate de gauche Xiomara Castro a revendiqué dimanche soir la victoire pour la présidence du Honduras face au dauphin du président de droite sortant Nasry Asfura. "Nous avons gagné !", a lancé Xiomara Castro devant ses partisans réunis au siège de son parti LIBRE. En annonçant les résultats partiels, le Conseil national électoral (CNE) a indiqué que “la participation des électeurs s'est établie au niveau historique de 62 %”. Avec les bulletins de plus de 41 % des centres de vote dépouillés, Xiomara Castro, épouse de l'ancien président Manuel Zelaya renversé en 2009 par un coup d'Etat, obtient 53,46 % des suffrages. Son adversaire du Parti National (PN), Nasry Asfura obtient quant à lui 34% des voix. Selon l'analyste Raul Pineda, ancien député du PN, Xiomara Castro a bénéficié d’un vote sanction contre le parti de droite au pouvoir : "Les gens ne voteront pas pour Xiomara, mais contre le président sortant Juan Orlando Hernandez et ce qu'il représente", avait-il prédit.
Le Conseil national électoral a cependant insisté sur le caractère provisoire de ces résultats et a invité les candidats et les électeurs à attendre les résultats définitifs. Cependant, des tirs de feux d'artifices, des cris de joie et des cortèges de voitures klaxonnant fêtaient dans la nuit à Tegucigalpa la victoire de la candidate. Dès dimanche soir, la candidate de gauche a promis de "former un gouvernement de réconciliation et d'instaurer une démocratie participative". "Je tends la main à mes opposants, car je n'ai pas d'ennemis, a-t-elle dit en promettant de chasser "la haine, la corruption, le trafic de drogues, le crime organisé...". Néanmoins, la menace de fraudes et de troubles n'est pas totalement écartée, même si le candidat du Parti National, Nasry Asfura, s'est engagé à respecter le résultat du vote et a demandé que ne coule "pas une goutte de sang". Pour cela, les autorités avaient mobilisé plus de 42 000 militaires et policiers pour surveiller les 5755 bureaux de vote dans le pays. Dans cette élection, les Honduriens devaient également élire les députés et les maires.
Le Honduras est dirigé depuis plus de dix ans par le Parti national, sous la férule de Juan Orlando Hernandez, soupçonné par les Etats-Unis d'être impliqué dans le trafic de drogue. Mais durant cette campagne, le PN rapidement senti le vent tourner. Il s’est donc montré agressif vis-à-vis du parti LIBRE en traitant sa leader de communiste et critiquant ses propositions de légalisation de l'avortement et du mariage homosexuel. En 2013, Juan Orlando Hernandez avait battu d'une courte tête Xiomara Castro et était ensuite passé outre la Constitution pour se présenter pour un second mandat en 2017. Sa douteuse réélection sur le fil face à la star de la télévision Salvador Nasralla avait déchaîné de violentes manifestations.
Si Xiomara Castro est officiellement élue, elle devra faire face à des nombreuses problématiques dans un pays en proie à la violence des trafiquants de drogue, qui ont étendu leur corruption jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Plus de la moitié des dix millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté et l’épidémie de Covid-19 a accentué cette pauvreté. Le chômage a presque doublé en un an, passant de 5,7 % en 2019 à 10,9 % en 2020. Avec un taux d'homicides de 37,6 pour 100.000 habitants en 2020, le Honduras est également un des pays les plus dangereux au monde. La leader de LIBRE devra donc faire face à tous ces sujets pour faire sortir le Honduras de cette image de violence, d’insécurité et de pauvreté.
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