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Point de vue

Naftali Bennett fait la guerre au vent, à l’eau, et accessoirement à Gaza.

Premier Ministre israélien depuis le 13 juin 2021, Naftali Bennett est un homme de droite, plus extrémiste encore que Benyamin Netanyahu, d’abord son mentor, mais qu’il vient d’écarter du pouvoir après 12 années d’un règne sans partage. Toutes proportions gardées, elle a de petits airs de François Hollande et d’Emmanuel Macron cette histoire, non ?... Mais quand notre Président a attendu près de trois ans après son élection pour parler guerre (contre le Covid) le 16 mars 2020, le premier ministre israélien, n’aura attendu que cinq jours pour reprendre les raids aériens sur la bande de Gaza, moins d’un mois après les onze jours d’une guerre éclair qui a fait, on s’en souvient, près de 300 morts, la plupart côté palestinien. Ainsi les choses sont claires : Israël va continuer à défier le reste du monde au mépris du droit international et des principes les plus fondamentaux des Droits de l’Homme — n’osons même pas parler ici d’humanité — et l’oppression systématique, injuste et insensé des territoires occupés va se poursuivre. Naftali Bennett a aussi annoncé que des scénarii étaient à l’attitude pour relancer au besoin une « vraie guerre ». Mais c’est quoi une « fausse guerre » ? Celle qui fait de « fausses victimes » ? Pour les israéliens, qui ont connu la pire horreur du dernier conflit mondial, la guerre a l’air d’un jeu sans conséquences : un coup j’attaque le Liban, un coup je lance des représailles disproportionnées contre le Syrie, et un coup je vais escagasser l’Iran. Puis, dans tous les cas, je rentre tranquillement chez moi. Tapis rouge — ou plutôt blanc et bleu — pour le serial killer.

Mais revenons à Gaza. Prétexte pour ces nouveaux raids sur la bande : des ballons incendiaires auraient été lâchés depuis la frontière nord en direction d’Israël, par-dessus un mur voulu et construit par les israéliens, et poussés par un vent soufflant du sud (alors que la mer est à l’ouest…). Un vent forcément complice du Hamas, et par conséquent terroriste tout comme lui. Les israéliens en seraient donc arrivés à un point tel de paranoïa qu’ils pourraient faire la guerre aux éléments, au vent, à l’air, à la mer… Cela dit, du côté de Bethléem, se trouve l’un des monuments religieux chrétiens parmi les plus magiques de Cisjordanie, le monastère de Mar Sabah. Le long de l’édifice-forteresse accroché au bord de la faille de la Mer Morte, passe un torrent qui dévale vers le Jourdain, annexé par Israël : l’ensemble pourrait constituer une merveilleuse carte postale. Mais au-dessus de Mar Sabah se trouve une colonie juive qui déverse ses eaux usées, toutes ses eaux usées, dans le dit torrent. C’est donc un rejet de fosse septique qui coule à Mar Sabah puis va polluer une mer salée dont Israël tire d’énormes bénéfices en termes, entre autres, de cosmétiques de luxe (crèmes de tous genres au sel de la Mer Morte). Si un certain nombre de femmes aisées savaient qu’elles se mettaient de la merde sur la peau, elles rejoindraient peut-être la campagne BDS (Boycott Divestment Sanctions).

Et puisqu’il est question d’eau, rappelons qu’à Gaza, sous l’horreur des bombes qui pleuvent quasi sans rémission depuis le milieu du printemps, se prépare une catastrophe sanitaire majeure. Sur une bande de 365 km² se massent plus de deux millions d’habitants soit près de 5 500 hab./km2, soit encore la densité de population la plus forte au monde. A cause du mur qui enserre la bande, l’évacuation des eaux usées fonctionne en vase clos et infecte de plus en plus la nappe phréatique, réduisant d’autant la quantité d’eau potable disponible pour les gazaouis ; et bien sûr, il est inenvisageable que de l’eau soit livrée à Gaza, Naftali Bennett veut faire la guerre à tout ce qui bouge. Parallèlement, une partie de ses eaux usées est déversée dans la Mer Méditerranée et fait crever d’importantes quantités de poissons, en particulier en bord de côtes ; or, les pécheurs de Gaza ne peuvent pas aller jeter leurs filets au-delà d’à peine 15 kilomètres des plages. Ces eaux « merdiques » plus lourdes rejoignent aussi plus rapidement les fonds marins, pénètrent dans les sols et vont à leur tour souiller les nappes phréatiques. Du cercle vicieux porté à son apogée.

La politique intérieure israélienne est également un cercle vicieux. Après Netanyahu Charybde, voici Bennett Scylla. Doté d’une majorité d’une voix à la Knesset, combien de temps le nouveau Premier Ministre israélien va-t-il tenir ? Dans combien de temps les israéliens vont-ils retourner aux urnes ? Ils y sont déjà allés cinq fois en moins de deux ans… Cela dit, les palestiniens, eux, sont privés d’élections depuis plus de quinze ans. Cela fait-il pour autant d’Israël une démocratie ?...

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