
Aujourd’hui je prends ma plume virtuelle pour questionner et débattre avec vous d’un fait de société inquiétant et interpellant.
Nous pouvons tous constater que la toile devient l’espace de la libre expression si bien qu’elle peut se transformer en défouloir où aigreurs, frustrations s’exercent avec une facilité déconcertante. J’avoue que parfois tout celà me laisse sans voix et m’encourage à poursuivre une autre voie…
Je m’interroge en premier lieu sur ce comportement voyeuriste de personnes qui écoutent, suivent des émissions de témoignages, blog personnels, pages professionnelles et restent en mode Casper en suivant tous les posts, tapis dans l’ombre à guetter on ne sait quoi , privilégiant le partage des publications en mode privé. Quels freins les empêche de s’identifier clairement ?
Comment vous sentiriez vous si votre voisin pendant que vous mangez sur votre terrasse vous épiez derrière les buissons sans se manifester et venait chercher vos restes sans votre autorisation ?
Pourquoi n’y a-t-il plus de frontières naturelles ?
Sous prétexte qu’une publication est publique tout un chacun se l’approprie sans nommer l’auteur, s’attribuant le travail d’un autre.
Pourtant à l’école quand nous faisions des exposés, citez la source demeurait indispensable.
Il semblerait que la toile nous contraigne à accepter des comportements que nous n’aurions jamais tolérer dans notre vie quotidienne.
Tout cela nous est imposé par le jeu du système des réseaux et certes nous jouons avec.
Bien entendu quand vous postez vous êtes conscients du caractère public de votre publication, mais ma question porte plus précisément sur le voyeurisme en question.
Le voyeurisme consiste à regarder, en se tenant caché , terme utilisé pour évoquer une curiosité qualifiée de malsaine. ( Définition du dictionnaire Larousse)
Ici nombreux sont ceux qui auront expérimenté d’avoir des abonnés absents mais paradoxalement très présents, ne ratant aucunes miettes de vos publications sans jamais se manifester, commenter, liker, débattre.
Il fût un temps c’était le voisin qui officiait pour surveiller.
Actuellement nous sommes tous guettés par des profils fantômes, masqués.
Peut-on comparer ce voyeurisme à un comportement malsain ?
Dans un second temps, il faut reconnaître que le voyeurisme se nourrit de son pendant : l’exhibitionnisme et le partage de son intimité. Ainsi on assiste à une déferlante de critiques la plupart du temps en mode corbeau profil anonyme non identifiable.
Comment expliquer que l’on suive, écoute une émission si elle vous est insupportable !
Quel élan mène à s’obliger à visionner, écouter, lire quelque chose qui vous déplaît, voire vous irrite ? Ne serait-ce pas l’équivalent de boire tous les jours du jus de carotte alors que vous détestez la carotte ?
Notre société évolue et notre communication avec.
Les échanges se font plus superficiels, en cela je me réjouis d’avoir vécu mon adolescence et jeunesse sans internet pour le plaisir des partages vrais sans court circuitage avec d’autres connexions.
Ne vous détrompez pas je ne suis nullement nostalgique ou passéiste car je suis une surfeuse de la toile et des fabuleux trésors qu’on y trouve.
Professionnellement je suis une adepte car je peux partager des articles et c’est une interface non négligeable pour accèder à des informations concrètes et pertinentes.
Je suis stimulée comme de nombreux utilisateurs mais je constate que notre communication mute, nos échanges certes se font multiples mais existe-t-il toujours la même profondeur chez les plus jeunes biberonnés à la tablette ?
Il est important de reconnaître et conscientiser cette révolution dans nos comportements relationnels pour ne pas perdre de vue l’essence dans nos interactions.
Les languent se délient, la loi du silence meurt ce qui en soit est positif et participe à une vie démocratique.
Toutefois nous pouvons nous interroger, doit-on tout dire et surtout de quelle façon le dire ?
Aujourd’hui, je constate ce besoin en permanence de critiquer, chacun se transforme en critique culinaire du Michelin sans qualifications.
Je ne parle pas de l’engouement de certains débats animés entre profils identifiables, j’évoque les comportements sous-terrains.
Où sont nos valeurs qui fondent humanisme, solidarité, entraide, partage et débat démocratique ? Même nos politiques se font contaminés par ses vagues réactionnelles, insultants leurs adversaires à tout va, là où fut un temps primait l’éloquence. La toile devient le réceptacle de rages, le punchingball symbolique où déferlent frustrations, haines, projections.
En soit partager ses émotions est d’utilité publique mais quand cette ire vient blesser la dignité d’un autre n’est-il pas naturel de s’en offusquer ?
Doit-on tout accepter sous prétexte que notre société évolue et laisser ses valeurs fondamentales s’effondrer ?
Comment ne pas propager cette véhémence ?
Il est temps de multiplier les campagnes de sensibilisation pour une utilisation plus éthique et responsable de nos réseaux sociaux.
Carine Hernandez
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