Alertés par un projet de réforme constitutionnelle, des partis politiques et des associations de la société civile en RCA s'affichent en défenseurs de la Loi fondamentale. Loin de se laisser rassurer par la tenue en cours, d’une session extraordinaire de l'Assemblée nationale, le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) ne veut pas perdre l’objet de sa récente création : contester le projet de réforme de la Constitution de 2016. À contrario du Front républicain, organisation proche du pouvoir en place, il n’attend pas de cette rencontre parlementaire qu'elle aboutisse à la convocation d’une assemblée constituante. Comme pour bien marquer sa distance avec ce projet de réforme, il a lancé pour le 27 Août prochain, un appel à manifestation.
Le projet anticonstitutionnel du président Touadéra

« De plus en plus de voix s'élèvent pour exiger une modification de la Constitution » pouvait-on lire sur le compte facebook du président de la République centrafricaine, la veille du 62e anniversaire de l’indépendance du pays. Un message qui a vite fait de raviver la polémique au sein de l’opinion publique et de la classe politique. Présenté par le président comme une aspiration du peuple, le projet de réforme constitutionnelle a fait l’objet d’une importante marche de soutien en début du mois d'août. Des Banguissois avaient gagné les rues de la capitale, sollicitant la tenue d’un référendum afin que soit modifiée la constitution. Ils auraient scandé "Pour un avenir meilleur, le peuple demande une nouvelle constitution" ou "Touadéra doit continuer" rapportent de nombreux sites d’informations sur place.
Mais le président Faustin-Archange Touadéra n'a pas attendu l’appel des hommes aux couleurs du Front républicain mené par Héritier Doneng pour se déclarer favorable à une réforme de la constitution. En dépit de ses moult reports, le « dialogue républicain » en vue d’une réconciliation nationale avait alors été sollicité comme le cadre idéal pour l'introduction d’un amendement. Celui-ci aurait permis au président de la République de faire sauter le verrou de deux mandats. Mal en a pris à cette plateforme, boycottée par l’opposition et dénigrée à cause de l'absence des rebelles à la table des discussions. L'échec du dialogue national n’aura pas suffi pour clore, avec lui, le débat sur la révision constitutionnelle. Car c’est juste sur la table de l'hémicycle de l’assemblée nationale qu’il a été transféré.
« D’autres textes de lois en souffrance »
Annoncée le 12 août dernier par le chef de l’Etat, l’ouverture de la session extraordinaire de l'assemblée nationale, continue de faire espérer chez les pro-réformistes, la convocation d’une assemblée constituante. Le président de l'assemblée nationale a communiqué sur le cadre dans lequel se tient cette session, sans qu’il n’ait été clairement mentionné,le sujet qui préoccupe. D'après Simplice Mathieu Sarandji, cette loi est relative aux finances mais la session traitera également « d’autres textes de lois en souffrance », a-t-il alors ajouté en ouverture des assises. L’allusion faisait-elle référence au projet de modifier la constitution ? Ouverte le 19 août, la session extraordinaire de l'assemblée nationale se clôturera le 2 septembre.
« Ce qui lui permettrait effectivement de briguer un troisième mandat »
Le Bloc républicain pour la défense de la constitution ne veut rien lâcher. Et certainement rien concéder non plus au pouvoir de Touadéra. « Cette Constitution, pour nous, ne pose aucun problème », déclare Maître Nicolas Tiangaye, président de la Convention républicaine pour le progrès social (CRPS) et membre du Bloc républicain. Pour l’ancien premier ministre et ses camarades, le projet de modifier la constitution relève aussi bien d’une ‘’supercherie’’ que d’une ‘’imposture politique’’. « Nous avons décidé de nous opposer à la tentative du président Touadéra de modifier ou de faire adopter une nouvelle Constitution afin de lui permettre de faire sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel, ce qui lui permettrait effectivement de briguer un troisième mandat et si possible, de rester à la tête du pays comme président à vie », a -t-il ajouté, au nom du BRDC .
Dans le manifeste qui marque la création du BRDC le 22 juillet à Bangui, les 20 signataires ont rappelé son contexte de création ainsi que son importance. Née des consultations populaires et élargies, la loi fondamentale du 30 mars 2016 correspond au ‘’ type de société dans lequel les Centrafricains voudraient désormais vivre, les institutions dont ils souhaiteraient se doter et les garde-fous nécessaires pouvant empêcher tout retour en arrière, synonyme d’instabilité politique, de désordres, de massacres et de misère’’.
Sandra Elong
Commentaires