Elles le défendent contre vents et marées. Pimpantes et apprêtées, le regard déterminé et hardi, les femmes du mouvement de soutien à Éric Zemmour sont tout sourire sur les photos de famille. Ces sœurs détonnent, dans la lignée politique viriliste que représente le courant de pensée du polémiste et parmi ses militants, majoritairement masculins.
«En tant que femme, j’ai envie de voir les générations futures vivre dans un pays serein où les femmes sont en sécurité», explique Margaux Teillefer, étudiante et membre du mouvement. Parce qu’elles les vivent, les violences sexistes et sexuelles et la peur qui ronge parfois, à la nuit tombée, quand il faut être seule dehors. «Une fois qu’il fait noir, on n’est plus dans les rues…» regrette Caroline, militante et sociologue de formation. Pourtant, elles s’allient aux côtés de leurs potentiels bourreaux, avec pour dessein, trouver d’autres responsables à leurs maux. Et ceux-ci sont tous trouvés. Des «individus modelés par une religion et une civilisation, l’Islam», qui auraient «fait de la femme, depuis des siècles la reléguée perpétuelle». Une menace fantasmée et prétendument évanescente, celle de leur «arrivée massive».
La meneuse, Marie Durand, n’hésite pas à instrumentaliser, aussi bien lors de ses passages télévisés que sur la toile, la question des violences sexistes. Tout en déplorant leur accroissement significatif – un doublement en cinq ans – elle répète, à l’envi, ses chiffres favoris : 63% des agressions sexuelles dans les transports sont le fait d’étrangers en Île-de-France selon le ministère de l’Intérieur.
«Pas du tout anti-hommes»
Étudiantes, ingénieures, mères au foyer, cadres, juristes, retraitées… Elles dénoncent le «délire idéologique ambiant» de «militantes déconnectées du réel». L’une d’entre elles prévient, “Les Femmes avec Zemmour” n’est «pas du tout un groupe féministe anti-hommes». Dans leur idéologie, pas question d’entendre parler de la question du genre parce qu’après tout, «un homme reste un homme, une femme reste une femme» selon Caroline, la sociologue. Autrement dit chacun bien à sa place, pourvu que personne ne dépasse du moule dûment taillé par des siècles de domination masculine. Pas question non plus d’accepter l’éventail de schémas relationnels et amoureux, «le meilleur pour un enfant rest[ant] d’être élevé par son père et sa mère» peut-on lire dans une tribune écrite par leurs soins, intitulée tout en cynisme “Zemmour n’est pas un homme à déconstruire”.
En plus de défendre une vision conservatrice des rapports femmes-hommes et de se construire en opposition au discours féministe actuel, ces militantes craignent “la mise à mort de ce qui fait l’essence et la beauté” de ce qu’elles appellent, sans que l’on ne sache vraiment de quoi il s’agit, «notre identité». Et les voici de nouveau affairées à leur tonneau des Danaïdes : opposer culture française, Islam et immigration pour en revenir, encore et toujours, à la théorie complotiste du “Grand Remplacement”.
En quête d’un sauveur à la main de fer
À chaque mal son sauveur. Elles ont trouvé le leur : un certain polémiste qui les qualifie pourtant de «machines à castrer», et qui rechigne à l’idée que ces dernières pénètrent dans les cercles de pouvoir. Éric Zemmour, misogyne ? Quand on pose la question, le ton monte. «Il faut arrêter avec ça !» s’emporte Caroline. Selon elle, les femmes sont légion autour de lui, une certaine Sarah Knafo en figure de proue. Toujours dans l’ombre néanmoins, celle qui est à la fois la directrice de campagne et l’amante de Mr Zemmour tente, du haut de ses vingt-huit ans, d’adoucir l’image dure et virile du candidat. Ce dernier, quant à lui pris en étau par ces accusations, redouble d’efforts pour montrer patte blanche : «Je ne suis absolument pas misogyne, […] on a créé ce personnage. Je suis le plus répressif et c’est ça qui va les protéger». Protéger les femmes, oui mais pas de n’importe qui. Car il le répète avec acharnement, «ce qui les menace, ce ne sont pas des propos à l’emporte-pièce mais l’islamisation du pays». Dès lors, le candidat d’extrême-droite se place en sauveur d’une gent féminine sous le joug d’étrangers, qui, à terme, imposeraient le port du voile, l’excision ou encore la polygamie.
Malgré toutes ces gesticulations identitaires, le discours ne prend pas : 66% des Françaises déclarent qu’elles auraient peur pour leurs droits si Éric Zemmour était élu. Le loup reste pour l’instant hors de la bergerie. Mais jusqu’à quand ?
Zemmour, un sauveur ou un danger pour les femmes ? 🤔
Bravo pour cet article, très éclairant sur un sujet complexe.
Pourquoi les femmes soutiennent-elles un homme qui les qualifie de « machines à castrer » ?
Les chiffres de Marie Durand sont-ils fiables ? J’aimerais en savoir plus.
Je n’arrive pas à comprendre comment on peut soutenir un tel discours. 😕
Est-ce que quelqu’un sait si ces femmes ont été interrogées par des journalistes ?
Ce mouvement de soutien féminin est vraiment hallucinant, je suis sans voix.
Merci pour cet article, ça m’a ouvert les yeux sur le sujet.