Holp up electoral ! Ce chef d’accusation, les Kenyans l’ont entendu, au lendemain de la proclamation de plusieurs scrutins. Il ne cesse pas d’être redouté pour autant. En 2007, il avait arraché du milieu d’eux, plus de 1.000 personnes dans des affrontements devenus interethniques et qui ont causé de nombreux déplacements. Depuis 2002 au Kenya, les résultats de toutes les présidentielles sont contestés, entraînant avec eux, des violences meurtrières. L'élection du 9 août 2022 n’aura pas été épargnée par son flot d’opposition. Pour les pro-Olinga, seul le recours déposé ce lundi, auprès de la cour suprême réhabilitera leur candidat dans ses droits. Ils soutiennent que 140 028 bulletins de vote n'ont pas été pris en compte, affectant ‘’ sensiblement les résultats finaux ‘’
Raila Odinga, le chef des recours
Jamais 2 sans 3 ! Raila Odinga aura attendu le dernier jour imparti, pour faire ce qu’il avait annoncé à l’issue de la proclamation des résultats de la dernière présidentielle : saisir la justice. Un acte qui lui est bien familier puisque l’ayant accompli 3 fois. À ce titre, il pourrait même être surnommé, le ‘’chef des recours’’ ou encore le ‘’doyen aux 5 candidatures malheureuses’’ que ces périphrases le désigneraient tous bien. Excepté que pour ses partisans, le recours déposé par Raila Odinga ce lundi, redistribuera les cartes de la présidence du Kenya en sa faveur. Ce, prédisent-ils, grâce aux preuves irréfutables d’un scrutin entaché par des irrégularités criardes. Rassemblés devant la Haute cour à Nairobi, ils n’ont eu de cesse de scander « William Ruto doit partir ! ».
D’après les chiffres avancés par la commission électorale, le 15 août, William Ruto est déclaré vainqueur avec 50,49 % des voix contre 48,85 % pour Raila Odinga. Une victoire que ce dernier qualifie de « parodie ». 4 des 7 membres de la commission se sont désolidarisés des résultats avant leur proclamation.
« Nous avons suffisamment de preuves que nous avons gagné l'élection », a déclaré Raila Odinga, de retour de la cour suprême et toujours accompagné de ses sympathisants, dans son fief.
Ce que fait tant redouter le contentieux électoral
En 2007, l'opposant Raila Odinga dénonce des fraudes massives à l’issue du scrutin qui l’oppose à Mwai Kibaki. Les sondages d'opinion et les premiers chiffres partiels augurent cependant sa victoire. L’annonce des résultats le donnant perdant, surprend plus d’un. Certains Kenyans estiment qu’il s’agit d’une manœuvre en vue d’asseoir la présence continuelle de la coalition au pouvoir. Celle-ci en tenait les rênes depuis l'indépendance du pays en 1963. Kibera, le plus vaste bidonville de Nairobi, ne tarda pas à se muer en un véritable épicentre de contestations et de violences. À la suite de Raila Odinga, la mission d'observation de l'Union européenne émet elle-aussi de sérieux doutes sur la crédibilité du processus de dépouillement. Selon elle, plus de 200 circonscriptions électorales ont connu un bourrage des urnes en faveur du président Kibaki. Sa victoire contestée a été suivie par la mort de près de 1.500 personnes, selon un bilan de la police, rendu public le 25 février 2008. Ce fut aussi la résultante d’une plus grande fracture tribale qui peine toujours à être recollée.
10 ans plus tard, Odinga conteste les résultats du scrutin contre Uhuru Kenyatta. Comme si on ne l’y reprendra plus, il le fait cette fois en saisissant la justice de son pays. Malgré l’annulation par la cour suprême dudit scrutin, Uhuru Kenyatta sera élu président de la République. Cette annulation était une première en Afrique. Cependant, devant le refus de la Commission électorale d'organiser également de nouvelles élections parlementaires, au même titre que la présidentielle reconnue comme entachée de fraudes, Raila Odinga abandonne sa candidature. De nombreux manifestants trouvent la mort, dans ce climat de crise.
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