« Moi Ousmane Sonko, s'il plaît à Dieu et si mon parti le veut, je suis candidat à l'élection présidentielle de 2024. », a déclaré jeudi, Ousmane Sonko. C’est une annonce des moins surprenantes. En revanche, elle a le mérite de compter ’’officiellement’’ le leader du Pastef, (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) au rang des candidats du scrutin présidentiel de 2024 au Sénégal. Rien à voir avec le flou entretenu jusqu’ici par le président sortant.
L’homme politique qui ravit ’’tout’’ au camp présidentiel
Arrivé troisième, au bout de la présidentielle de 2019, Ousmane Sonko est devenu le principal opposant du pouvoir en place. Sa popularité depuis son entrée en politique s'accroît incontestablement. Les résultats des législatives du 31 juillet le prouvent bien. Grâce au jeu des alliances politiques, sa coalition a historiquement ravit la majorité absolue au camp présidentiel. "Yewwi Askan Wi"dont le parti de Sonko est une composante, a recueilli 80 sur les 165 sièges. Son parti, le Pastef a remporté 56 sièges. Depuis l'indépendance du Sénégal, le camp au pouvoir n’avait jamais connu de débâcle, au sein de l'assemblée nationale. À en croire certains observateurs, cette fin de règne presque sans partage dans la chambre parlementaire sénégalaise, donnerait du fil à retordre au camp présidentiel. Macky Sall et les siens devraient désormais composer avec d’autres forces s’ils tiennent à faire passer leurs lois.
En outre, candidat ou pas, le président Macky Sall avait pourtant fait savoir qu'à l'issue des résultats des législatives, sa position se ferait connaître : « Il sera alors temps de fixer le cap pour 2024. » avait-il alors lâché, dans une interview accordée à Jeune Afrique, en juin dernier. Bien qu’une révision de la constitution sénégalaise depuis 2016 limite à 2, le nombre des mandats, le chef de l’Etat continue d'entretenir le mystère autour de ses intentions électorales. Ce, près de 10 jours après la confirmation des résultats provisoires donnés le 4 août, par la Commission nationale de recensement des votes. À contrario, en annonçant officiellement sa candidature jeudi, Ousmane Sonko marquerait aussi une longueur d'avance sur son avenir politique en 2024 au Sénégal. Par cet acte annonciateur, il confirme non seulement son statut d’opposant naturel de Macky Sall. Mais il assure aussi d’une certaine manière, sa place au sein de la coalition dont il fait partie. Il a cependant indiqué « que chaque membre de ladite coalition est libre de poser sa candidature. Et s’il y a une candidature multiple, la personne la mieux placée bénéficiera du soutien de YAW ». Aussi, Malick Gackou est devenu à sa suite et celle de Khalifa Sall, le troisième leader de Yewwi Askan Wi, à s'inscrire lui-aussi dans cette course.
Cela dit, après avoir arraché la mairie au petit-frère du chef de l’Etat, le nouveau maire de Ziguinchor se démarque davantage par une personnalité proche du peuple. Ses détracteurs lui reprochent d’ailleurs ce populisme. Ce à quoi, dans un tweet en mars 2018, Sonko réagissait déjà en tant que député de la Nation « Je suis populiste, si populiste signifie écouter ceux pour qui il faut se battre. (...) »
Incriminé, Sonko accuse à son tour
Les accusations de viol qui pèsent contre lui n’ont visiblement pas démotivé l’annonce de sa candidature. Pourtant, des proches de celle qui l’incrimine, estiment que le député étant toujours « sous contrôle judiciaire », n’est pas en droit légal de la faire. La présidente de la défense des droits de la plaignante, Françoise Hélène Gaye a dénoncé dans une radio française « la faiblesse coupable » des institutions.

Depuis 2021, Ousmane Sonko est sous le coup d'une inculpation pour viols présumés contre Adji Sarr, une employée d'un salon de beauté où le député allait se faire masser. D’après, un extrait de la plainte diffusé dans des médias locaux, la jeune femme a décrit l’homme politique tel un prédateur sexuel qui l’aurait menacée afin d’obtenir d’elle, des faveurs sexuelles « Il m’a transformée en objet sexuel et je n’arrive plus à vivre ces viols répétés ». À ses débuts, l’affaire «Sweet Beauté» a violemment secoué le pays, provoquant des émeutes meurtrières. Les sympathisants du député croient y détecter une manœuvre politique. Une théorie du complot que véhicule et partage le principal concerné.
Lors de sa sortie de jeudi, Ousmane Sonko qui clame, depuis son innocence, accuse Macky Sall d'œuvrer avec la France, dans l’optique de l'écarter des joutes électorales. « Tous les jours, leurs laboratoires tournent à plein régime en fabriquant énormément de complots. Leur objectif est de trouver un motif de condamnation pour empêcher la candidature d’Ousmane Sonko ». Le chef du Pastef impute à Macky Sall la création de prétendus dossiers « de terrorisme, de rébellion, de viol imaginaire fabriqués avec le soutien de la France » contre lui et dont ajoute-t-il, « les médias français, porte-voix officieux de l'Elysée » s’emploient à le décrire tel un « dangereux homme politique ».
Commentaires