Plus l’ombre d’un doute ! Confidentiel certes mais de source officielle, un rapport de l’ONU incrimine Kigali sur la recrudescence des violences à l’est de la RDC.
Ce que révèle le rapport onusien
Menée par un groupe d’experts de l’ONU, une enquête récente indique que l’armée rwandaise aurait participé à des attaques contre des militaires congolais. Ce, au cours de plusieurs interventions lancées depuis novembre 2021 et dont des images de drone, des photos, vidéos et des témoins oculaires constitueraient des preuves irréfutables contre Kigali. Dans leur rapport, les experts auraient également précisé que, le Congo, de la période de fin mai au début juin 2022, a été le théâtre des opérations de près de 300 militaires rwandais à l’assaut des groupes armés à dominante Hutu.
De plus, les conclusions de l’enquête stipulent que Kigali a : ‘’ fourni des renforts de troupes au M23 pour des opérations spécifiques, en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et des zones stratégiques". Un soutien à l’endroit de l’ancienne rébellion à dominante tutsi qui lui aurait permis de s’emparer du territoire de Rutshuru, à une dizaine de kilomètres du nord de Goma.
La pomme de discorde entre les deux voisins
À couteaux tirés depuis des années, les deux voisins se sont mutuellement accusés ces derniers mois sous fond de vives tensions. La République Démocratique du Congo reproche au Rwanda de soutenir les rebelles du M23 dont la recrudescence des combats cause de nombreux déplacements et exactions de ses populations. Kigali, qui rejette ces accusations, indexe de son côté Kinshasa dans son prétendu soutien aux Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, une rébellion de Hutus qui avaient trouvé refuge au Nord-Kivu après le génocide de 1994. Un effet ping pong qui a sérieusement plombé les relations entre les deux voisins. Celles-ci avaient pourtant connu une certaine accalmie avec l’accession au pouvoir de l’actuel président congolais. Un calme précaire qui n’a pas résisté à la gravité de la situation. Félix Tshisekedi et Paul Kagamé avaient alors affiché des visages fermés lors de la rencontre du 6 juillet dernier à Luanda. Cette dernière sous la houlette de l’union africaine, avait accouché de la signature d’un cessez-le-feu, suite à une escalade de tensions entre les deux voisins.
Kinshasa conforté-Kigali infléchissable
Pour les Congolais, la présence des forces rwandaises en RDC n’est pas un fait nouveau. Que ce soit du côté des mouvements citoyens ou des politiques, l’incursion rwandaise a très souvent été dénoncée. De ce fait, quoique salué par les autorités congolaises, le rapport onusien ne vient que confirmer ce qui se savait déjà. Il n’est d’ailleurs pas le premier du genre. Cependant, malgré les conclusions des experts, Kigali récuse les accusations à son encontre. Dans un tweet jeudi, la porte-parole du gouvernement a fait savoir que « le gouvernement ne peut commenter un rapport non publié et non validé » par le Conseil de sécurité des Nations unies. Yolande Makolo réitère la position de son pays et nie toute implication de sa part dans le regain de tensions menées par le M23. Kigali le considère comme un problème purement congolais. Une posture désormais habituelle du Rwanda à chaque fois qu’il est accusé de collusion contre son voisin. De l’avis de certains observateurs, cette fois, cette position du Rwanda pourrait bien mettre en péril les clauses du cessez-le-feu signé par les deux pays à Luanda. Le processus de désescalade entre les deux voisins et le retour de la paix à l’est de la RDC auraient peut-être du mal à voir le jour.
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