Il avait 30 jours à compter de la suspension du Parlement tunisien, et du limogeage du Premier ministre, pour dévoiler un nouveau programme et un gouvernement. À la place, le président a mené une campagne anti-corruption, et des magistrats, députés et hommes d’affaires ont été arrêtés. Certains ont été assignés à résidence et d’autres, emprisonnés. Le parti politique Ennahdha est dans le viseur du président, car soupçonné d’avoir touché des financements étrangers illégaux. La communauté internationale, des ONG et des partis politiques s’inquiètent d’une dérive autoritaire du président, prêt à tout pour traquer la corruption.
Il pourrait prolonger la suspension du Parlement, en invoquant comme la première fois l’article 80 de la Constitution tunisienne. Celui-ci lui permet la suspension en cas de danger pour la sécurité nationale, justifiant par la même occasion tous les limogeages et assignations à résidence. Si beaucoup de Tunisiens s’étaient réjouis de ce combat contre la corruption, d’autres alarment des “dérives autoritaires.” 45 magistrats se sont ainsi rejoints dans un communiqué pour dénoncer “l’affreuse atteinte gratuite et sans précédent à l'encontre de la liberté de circulation et de voyage” de certains de leurs confrères, “en l'absence de toute procédure judiciaire.”
Maud Baheng Daizey
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