Un grand nombre d'études ont été menées sur le cerveau et le développement des enfants en bas âge avec des recommandations claires et précises. Les parents ont des outils pour les accompagner dans leur évolution sans que les écrans deviennent une source d’angoisse face à l’inconnu. Les tablettes, la télévision et autres smartphones peuvent ralentir voire bloquer certains apprentissages fondamentaux du développement de l’enfant en bas âge (psychomotricité et langage par exemple). La conclusion est évidemment que les écrans sont à proscrire pour les tout-petits.
Mais les adolescents sont-ils concernés?
Une étude réalisée fin 2018 amorce un début de réponse.
4500 enfants entre 9 et 10 ans passant plus de 5h par jour sur des écrans ont passé des IRM dans le but d’étudier les modifications sur le cerveau.
Les chercheurs ont constaté un amincissement significatif du cortex. Cependant le cortex diminue au cours de la vie, il y a une sorte d’usure naturelle. Néanmoins cette décroissance ne se fait en général pas si précocement.
Cette diminution a-t-elle des conséquences?
Ca, les chercheurs ne peuvent encore y répondre.
En effet le docteur Gayathri Dowling confie “Nous ne savons pas si cela est causé par le temps passé devant les écrans. Et nous ne savons pas si c’est une mauvaise chose”. C’est pourquoi cette étude va durer au moins une dizaine d’années en prenant en compte plusieurs facteurs liés à notre époque.
Son objectif va être “d’observer les expériences de l’enfance (comme les sports, les jeux vidéo, les réseaux sociaux, les mauvaises habitudes de sommeil et le tabagisme) et de voir comment elles interagissent entre elles et avec la biologie changeante de l’enfant, et les conséquences sur le développement du cerveau et les résultats sociaux, comportementaux, scolaires ou de santé”.
Bon alors le cortex qui rétrécit, c’est fait!
Sachant que les neurosciences ont mis à jour l’extrême plasticité du cerveau tout au long de la vie, les chercheurs ont découvert que le cerveau s’adapte à son environnement et se modifie en fonction de ses expériences. Ce qui semble plutôt rassurant.
De plus, le neurologue Lionel Naccache explique que notre façon d’utiliser notre mémoire a évolué. Aujourd’hui les supports mis à notre disposition semblent nous inciter à déplacer nos compétences. Nous allons chercher où trouver l’information plutôt que de se souvenir de l’information elle-même. Nos capacités de concentration et d’attention sont corrompues par le flot des sollicitations permanentes.
La chercheuse, Simone Kühn, a révélé des aspects positifs, dans les jeux vidéos notamment. Elle a constaté “un développement des régions cérébrales liées à la mémoire, l’orientation spatiale, la planification stratégique et les capacités psychomotrices”.
On a souvent mis dans le même sac, les addictions aux écrans et les autres, comme l’alcool ou la drogue, tant le mécanisme de shoot d’adrénaline est intense (notamment avec les jeux vidéos ou la popularité sur les réseaux sociaux). Mais elle diffère en ce sens que lorsque l’on stoppe l’exposition aux écrans, la dépendance ou la sensation de manque sur le cerveau s’arrête tout net. Ce n’est pas le cas de la plupart des autres addictions.
Quelle est la répercussion des écrans sur le sommeil?
Il a été rapporté qu’il peut être perturbé par la lumière bleue. En réalité, pas directement, il s’agit en fait de la mélatonine. Elle n’est pas produite en journée, elle commence à être sécrétée en soirée afin de préparer le corps à dormir. Or, avec la lumière bleue des écrans, le cerveau ne fait plus le distinguo entre le jour et la nuit. Par conséquent le corps ne sécrète plus de mélatonine d’où les troubles du sommeil et de l’endormissement.
Mais il a été constaté que si on se déconnecte, ne serait-ce qu’une heure avant d’aller se coucher, le corps synthétise à nouveau normalement la mélatonine nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux central et favorise un sommeil paisible et réparateur. Il est cependant évident que si les adolescents passent une partie de la nuit sur leur smartphone, les écrans ne sont plus le problème mais le temps qu’ils y passent et le manque de sommeil que cela engendre. En lisant un livre, le résultat serait le même!
En conclusion
Parfois, face à la nouveauté et après l’engouement des débuts viennent la crainte, la peur et l’appréhension. Nous entrons aujourd’hui dans une période bien plus éclairée qu’auparavant, où résident malgré tout encore des zones d’ombres. Néanmoins les études et les recherches effectuées jusqu’alors tendent à montrer que la dangerosité des écrans réside plus dans la pratique abusive que dans l’utilisation elle-même.
En attendant, la modération, comme dans toute chose, et une utilisation avertie restent les meilleures armes contre les incertitudes et le manque de recul qu’il peut subsister. Les années à venir ne manqueront pas de délivrer toutes les réponses qui nous manquent encore aujourd’hui.
Prudence et patience sont donc de mise.
Sources
Etude Adolescent brain Cognitive Developpement (ABCD) https://abcdstudy.org/
Parlez-vous cerveau? Lionel Naccache https://www.amazon.fr/Parlez-vous-cerveau-Lionel-Naccache/dp/273814313X/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&keywords=parlez+vous+cerveau&qid=1563216663&s=gateway&sr=8-1
Source : The Dana Foundation, « The Truth About Research on Screen Time» http://www.dana.org/briefing_papers/the_truth_about_research_on_screen_time/
Articles traitant du sujet et reprenant une partie de ces recherches: http://sante.lefigaro.fr/article/le-cerveau-des-enfants-serait-modifie-par-les-ecrans-peut-etre-et-alors-/
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