L’affaire avait été révélée en 2019 par l’Express : les cadavres de l’université parisienne y étaient conservés dans des conditions atroces, avec des employés épuisés. Certains avaient été pris en train de jouer au football avec des têtes. En juin 2020, une enquête administrative avait jugé les conditions de conservation “insalubres”, et que l’université s’était rendue responsable de "graves manquements éthiques.” L’ancien président Frédéric Dardel a donc été mis en examen vendredi pour “atteinte à l’intégrité physique de cadavres.” Il est la quatrième personne mise en examen dans l’affaire, après deux préparateurs du Centre, et une personne dont l’identité n’a pas été révélée. L’enquête de 2019 avait fait état d’un “véritable charnier, présent depuis plusieurs années.”
En cause, des “chambres froides non sécurisées, entourées de fenêtres, sans ventilation et climatisation, avec des températures montant jusqu’à 17 degrés.” Cela avait provoqué une “prolifération des souris, des mouches, avec ponte (nombreux corps et pièces anatomiques dans lesquels se sont développés des vers). Les souris passent par les nombreux trous des chambres froides et trouvent un garde-manger idéal.” Pour un employé du centre, “les cadavres sont conservés dans des conditions déplorables, il fait une chaleur épouvantable, certains sont pourris. Ça pue. On a le sentiment d'être au XIXe siècle ou à la Renaissance avec les corps putréfiés sur lesquels travaillaient les médecins.”
Le centre des dons du corps de l’Université Paris-Descartes avait été fondé en 1953 et recevait des centaines de dépouilles par an. Il est surnommé le “temple de l’anatomie française.”
Maud Baheng Daizey
Commentaires