Depuis le début de la pandémie de Covid-19, laboratoires et chercheurs du monde entier se mobilisent pour contenir l’extension de la maladie et sauver des vies. Alors que plusieurs pays ont développé des vaccins anti-Covid efficaces, la France a subi deux échecs. Dans cet article, nous revenons sur cette déconvenue et énonçons les possibilités de réussite pour un vaccin français.
Les projets de développement des vaccins français en 2020
La France comptait fermement sur ses deux piliers de l’industrie pharmaceutique Sanofi et l’Institut Pasteur pour briller en tête de la course mondiale aux vaccins ; au pays du pionnier de la vaccination, c’était un juste aboutissement attendu avec espoir et confiance.
A la surprise générale, le 11 décembre 2020, Sanofi et son allié anglais GSK annonçaient les mauvais résultats de leur candidat vaccin lors des essais cliniques des phases 1-2, et repoussaient de facto la réalité d’un vaccin français pour le fin de l’année 2021.
Ce fut une véritable séisme quand, le 25 janvier dernier, l’Institut Pasteur et son partenaire américain Merck déclarèrent à leur tour l’arrêt du développement de leur candidat vaccin, en raison d’une efficacité bien inférieure à celle du vaccin Pfizer – BioNTech.
Les raisons de l’échec français
Même si des erreurs dues à de mauvaises décisions et à de mauvais dosages sont des étapes habituelles dans la phase de recherche, ces deux échecs scientifiques traduisent le net recul de la recherche française sur la scène internationale et reflètent les conséquences de choix politiques appliqués depuis plusieurs années dans l’hexagone.
La stratégie de l’Union européenne en matière de R&D visait à atteindre 3 % du PIB en 2020. Alors que l'Allemagne affichait une part de PIB de 3,12 % en 2018, elle n’était que de 2,20 % en France selon INSEE. Ainsi, l’Allemagne a augmenté ses crédits publics de 33 % entre 2011 et 2018 pour un montant de 31,5 milliards d’euros et, dans la même période, la France baissait les siens de 17 % pour un total de 13,9 milliards d’euros.
La rémunération moyenne des chercheurs correspondait en 2018 à 63 % des salaires moyens des pays de l’OCDE. En réponse à ces faibles salaires, les scientifiques français ont offert leurs compétences à d’autres pays qui, par ailleurs, disposent de moyens matériels conséquents, ainsi que de collaborations efficaces entre la recherche scientifique des universités et les start-up biotechnologiques.
Cette situation est amenée à perdurer avec l’adoption de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) en novembre 2020. La LPPR entérine la réduction des financements pérennes des laboratoires au bénéfice de projets à court terme, favorisant une recherche basée sur la compétition et la sélection, et encourageant encore un peu plus la fuite des chercheurs.
Quelles possibilités pour un vaccin français ?
Malgré le retard pris pour son premier vaccin, Sanofi s’est allié avec l’américain Translate Bio pour produire son deuxième candidat vaccin. Le 12 mars dernier, le géant français a annoncé la lancement des essais cliniques, avec des résultats attendus au troisième trimestre 2021.
L’Institut Pasteur travaille en collaboration avec la start-up française de biotechnologie TheraVectys sur un premier vaccin qui sera administré par un spray nasal. Son deuxième candidat-vaccin s’appuie sur l’ADN.
Chacun de ces deux vaccins est au stade préclinique et est exclusivement testé sur des animaux.
Valneva sur la ligne d’arrivée
En décembre dernier, Valneva a commencé les essais cliniques de son vaccin contre le coronavirus. La société bénéficie en outre du soutien financier du Royaume-Uni avec lequel elle a déjà passé des accords commerciaux. Valneva envisage la commercialisation de son vaccin en automne 2021.
Le temps des revers semble se dissiper et le ciel s’éclaircit pour la recherche vaccinale française. La fin de l'année 2021 pourrait réserver d'agréables surprises.
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