Au terme d’un voyage interplanétaire de 7 mois et 480 millions de kilomètres, le rover appelé Perseverance s’est posé le 18 février dans le cratère Jerezo.
Alors que la pression était à son comble jeudi 18 février, la réussite de la mission Mars 2020 est un véritable exploit scientifique. Explication de ce succès retentissant en cinq questions.
Qu’est-ce qu’est Perseverance ?
Perseverance est le nom du rover s’étant posé sur Mars. Il s’agit d’un astromobile, c’est-à-dire un véhicule motorisé pouvant se déplacer ailleurs que sur Terre. La particularité de ces derniers est qu’ils ne sont pas faits pour être pilotés de l’intérieur. En effet les rovers sont exclusivement pilotés à distance, et sont même autonomes. Ils sont également dotés d’un véritable arsenal scientifique et technologique. Au cours de leurs déplacements, ces derniers réalisent des observations, des analyses, des clichés, des prises de son et de nombreuses autres opérations.
Ni plus ni moins, leurs objectifs sont d’exploiter le plus de ressources possibles de l’astre sur lequel ils se trouvent. Pour être plus précis, Perseverance est un engin de plus d'une tonne qui dispose d'une palette d'instruments scientifiques (19 caméras, spectromètres de différents types) qui sont utilisés pour identifier les sites les plus intéressants, fournir le contexte du prélèvement effectué (caractéristiques géologiques, conditions climatiques à la formation) et effectuer une première analyse chimique. Il comporte également une station météorologique, et un radar capable d’analyser les premières couches du sol martien. Il s’agit du véhicule le plus gros et le plus complexe jamais envoyé sur Mars. Construit au mythique Jet Propulsion Laboratory en Californie, c’est donc un réel bijou de technologie.

Comment a-t-on fait pour l’envoyer si loin ?
Le décollage, voyage et atterrissage de Perseverance sont le fruit du travail de nombreux scientifiques à travers le monde. Il a été transporté par la sonde spatiale Mars 2020, développées par la NASA et qui fut lancé par une fusée Atlas V. Et si l’envoi de Perseverance sur Mars s’est aussi bien déroulé, c’est car des techniques jusqu’alors jamais utilisées ont été mises en place pour garantir la réussite de la mission.
Premièrement, c’est le moment du lancement qui est important. Tous les 24 à 28 mois, une « fenêtre de lancement » s’ouvrent entre la Terre et Mars, c’est-à-dire une période où les conditions d’envoi d’une fusée sont optimales. Une fois cette fenêtre calibrée, tout n’est que calcul scientifique. L’objectif étant de permettre à la sonde de prendre de l’élan (décollage) pour sortir de l’attraction terrestre et suivre la trajectoire calculée par les scientifiques pour correspondre à la zone d’atterrissage prévue (le cratère Jerezo), sept mois plus tard. En réalité, le gros du travail est réalisé en amont, car la distance ne permet pas de réagir assez rapidement en cas d’imprévu.
Pourquoi dit-on que l’atterrissage était difficile ?
Difficile est un bien faible mot tant la zone où a dû se poser Perseverance est la plus dangereuse jamais tentée par l’Homme. La raison de la pression qu’a suscitée cet atterrissage ? Et bien le fait que le moindre problème aurait pu faire échouer l’entièreté d’une mission d’une ampleur aussi grande. Avec le décalage, impossible de commander l’atterrissage, celui-ci était donc automatisé.

Pour vous en rendre compte, la sonde est entrée dans l’atmosphère martienne à 20 000 km/h. A cette vitesse, de forts pics de chaleurs allant jusqu’à 1 300°C se ressentaient sur le bouclier thermique. A l’aide de petits moteurs, l’orientation de la capsule fut régulée tandis que la décélération grandissait avec le déploiement du parachute. Ce dernier, avec ses 21m de diamètres et 70m de câbles, permettait de ralentir la chute et stabiliser la sonde. Une fois assez rapprochée du sol et le bouclier thermique largué, huit moteurs se mettaient en route pour entamer la descente propulsée. Une grue volante finissait le travail en faisant descendre le rover des 20m restants. La nouvelle de la réussite de l’atterrissage a mis 4 minutes à arriver sur terre, photos à l’appui. Un atterrissage où chaque détail comptait, et dont l’enregistrement vidéo est parvenu à la NASA ce lundi 22 février.
Quelle est la mission de Perseverance ?
Le principal objectif poursuivi avec ce rover est de rechercher des signes d’une possible ancienne vie microbienne sur Mars. À cette fin, Perseverance sera chargé de collecter des échantillons du sol martien, destinés à un retour sur Terre. Autrement dit, l’astromobile va nous aider à répondre à une question essentielle : Mars a-t-elle été un jour habitable ?
Ce sont ces prélèvements qui sont destinés à revenir sur Terre, dans le cadre d’une future mission dont les modalités sont actuellement imaginées par la Nasa et l’ESA (agence européenne spatiale). Cette dimension microbiologique est une grande première : jamais des échantillons n’ont été ramenés de l’espace dans le but d’étudier les traces possibles de la vie.

Est-il le premier à réaliser une telle mission ?
Perseverance est en effet le premier à rechercher la vie sur Mars, cependant il n’est pas le seul présent sur la planète rouge. Le rover Curiosity, considéré comme le grand-frère de Perseverance, est également présent sur l’astre depuis 2012. Et si la mission de Curiosity n’est pas celle de rechercher la vie, elle est malgré tout liée à celle de Perseverance. En effet, celui-ci rassemble, dans un périmètre restreint, des formations géologiques qui auraient peut-être pu permettre l'apparition d'organismes vivants. Au cours de sa mission, le rover va rechercher si un environnement favorable à l'apparition de la vie a donc existé sur Mars. Avec ses deux missions, l’objectif de la NASA est clair, déterminer si Mars a oui ou non abrité de la vie.
Arsène Gay
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