Faute de carburant, la France est à sec fin 2022. Une situation embêtante pour les automobilistes bien qu’elle ne soit pas inédite. En 50 ans, l’hexagone a été le théâtre d’une multitude de blocages de raffineries par de nombreux mouvements sociaux entraînant l'assèchement des stations-services. Tour d’horizon sur les 50 ans de mouvements syndicaux qui ont plongé le pays, à plusieurs reprises, au cœur d’une pénurie d'essence.
Si le pays dépend énormément du pétrole, le blocage des raffineries est une arme de combat social ultime. C’est la raison pour laquelle elle a souvent été utilisée en guise de moyen de pression contre le gouvernement. Aussi efficace que redoutée, cette arme de protestation a notamment marqué la mémoire des Français lors du choc pétrolier de 1973-1974. Retour sur six dates marquantes.
Mai 1968

Cette date marque l’un des plus gros mouvements syndicaux que le pays ait connu. 13 mai, appel général à la grève. Résultat ? 9 millions de Français arrêtent de travailler. Avec les raffineries et les dépôts à l’arrêt, les conséquences se font rapidement ressentir et les stations-essence se retrouvent à sec. En prime, les transports en commun se retrouvent à l'arrêt quelques jours plus tard, laissant les trottoirs de Paris envahis par des milliers de piétons jusqu’au réapprovisionnement, le 31 mai 1968.
1973 - 1974

L’année 1973 sonne le premier grand choc pétrolier de l’histoire. Une véritable secousse à l’échelle mondiale. Pour cause, la guerre du Kippour opposant Israël et ses voisins arabes. Les pays du Golfe décident, en guise de rétorsion contre les pays alliés à l’État hébreu, de réduire leur production. À noter que l’Arabie Saoudite, qui fournissait à elle seule 21 % de la production mondiale de brut, va encore plus loin en imposant un embargo de ses exportations vers les États-Unis notamment. Même si la France n'était pas initialement visée, les prix du baril flambent, passant de 4 à 16 dollars. C’est la panique et les stations-services se retrouvent encore une fois, à sec.
Juillet 1992

Le premier janvier de cette année signe l’instauration du permis de conduire à points. Révoltés, des milliers de transporteurs routiers bloquent les routes et l’accès aux raffineries. En conséquence, les stations-services ne sont plus approvisionnées et c’est la pénurie. Une situation si problématique que le Premier ministre de l’époque, Pierre Bérégovoy, décide d’envoyer l’armée. Des militaires assurent les livraisons. Au bout de 10 jours, les barrages sont finalement levés.
1996 - 1997

Après plusieurs mois de négociation avec les représentants du patronat, les transporteurs routiers se mettent en grève le 18 novembre et empêchent l’approvisionnement en carburant. Sur les 18.000 stations-services de l'époque, entre 5.000 et 8.000 sont asséchées. Leur revendication ? Une revalorisation du salaire. Le 29 novembre, un accord est signé entre le patronat et les syndicats, qui met finalement fin aux hostilités. Seulement, l'apaisement est de courte durée, un an plus tard, rebelote. Les transporteurs routiers perturbent à nouveau l'approvisionnement des stations-services, opposés au patronat, ils demandent à revoir la question des salaires. Le mouvement s’est soldé le 7 novembre par la signature d'un protocole entre les syndicats et le patronat.
Septembre 2000

Le mois de septembre de l’an 2000, c’est 90 % des 17 000 stations-services française à sec. Le mouvement réunit les transporteurs et les agriculteurs, protestant contre le prix des carburants. Une situation rapidement débloquée, une semaine après, le gouvernement décide d’accorder des aides spécifiques à chaque branche.
Octobre 2010

En plein mandat de Nicolas Sarkozy, un mouvement social éclate pour protester contre la réforme des retraites. Résultat ? Plus de 5 000 stations-services, sur 18.000, sont totalement à sec. Il faudra attendre plusieurs semaines pour que la situation revienne à la normale.
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