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La glorification des tueurs en série au 21ème siècle.

Avec la montée en flèche de l'intérêt du grand public pour les affaires de meurtres et des tueurs qui les ont commis, les nombreuses boîtes de productions ont saisi l'occasion de s'emparer de chaque affaire, et de les mettre en scène à leur façon. Véritable documentaire, ou bien une réalité alternée comme le cas du meurtre de Sharon Tate dans le film de Quentin Tarantino, Once Upon a Time... In Hollywood. Si les documentaires rendent hommage aux victimes, de nombreuses adaptations, notamment les séries, semble bien souvent mettre en avant le ou les tueurs.

Des documentaires par centaines...

Déjà mises en avant dans des émissions télévisées en France telles que Faites entrer l'accusé ou encore Crimes, les affaires de faits divers passionnent les français depuis très longtemps. Une passion qui n'est pas propre qu'à l'hexagone mais au monde entier. La cause? La soif du grand public de connaître les tenants et les aboutissants des affaires criminelles qui ont rythmées l'histoire de leur pays tout au cours de leur vie. Ces histoires à échelle nationale ont rapidement été remplacées par une curiosité pour les affaires à l'international. Si dans un premier temps, le true crime en France, a été longtemps conté sur internet par des youtubeuses telles que Victoria Charlton ou encore Liv, les gros noms des boîtes de production américaines ont commencé à s'en emparer de plus en plus au cours des cinq dernières années. Depuis, les documentaires traitant de disparitions ou meutres se multiplient. Les plus célèbres sont notamment Grégory, traitant de l'affaire française la plus mystérieuse de ces dernières décennies ou encore Ted Bundy: autoportrait d'un tueur. Si ce format peut déranger, son but reste informatif et très souvent, la narration objective laisse s'exprimer les deux parties d'une affaire: les victimes et le coupable.

Les documentaires de true crimes sont de plus en plus prisés par une audience de plus en plus jeune. Une audience dont on doit alimenter l'intérêt, c'est notamment la raison pour laquelle les plateformes de streaming telles que Netflix ou Prime Video ont décidé de lancer leurs propres séries documentaires. Mais si les documentaires en tant que tels ne dérangeaient pas, la production et réalisation de films et séries à l'image des plus grands tueurs en série posent un peu plus de soucis.

Plusieurs problèmes mis en lumière.

L'un des premiers problèmes que viennent mettre en avant certains amateurs de ces films-documentaires est tout d'abord, le choix des acteurs choisi pour les incarner. En effet, même si certains tueurs en série étaient reconnus pour leur charme et leur charisme, c'est notamment le cas de Richard Ramirez ou encore Ted Bundy, les acteurs qui les interprêtent sont également connus pour être beaux. Hors, comme a essayé de le démontrer Daniel Hamermesh, professeur à l'Université du Texas dans son livre Beauty Pays: Why Attractive People Are More Succesful, l'être humain a tendance à s'attendrir ou à donne davantage sa confiance à une personne qui sera jugée de “belle” par une grande partie de la société. Alors, même si avoir un acteur apprécié par le grand public de part son jeu d'acting et son physique est une bonne manière de promouvoir son film (exemple, Zac Efron dans le rôle de Ted Bundy pour le film Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile), le fait d'assimiler les tueurs en série à ces personnes peut être perçu pour beaucoup comme une entorse à la réalité et donc, un pied-de-nez aux familles des victimes. Lors d'un sondage lancé sur nos réseaux sociaux à l'attention de jeunes adultes, voire adolescents, à la question posée: “Trouvez vous que la multiplication des films (non documentaires) traitant de tueurs en série réels ont tendance à les glorifier plus qu'ils ne rendent hommage aux victimes?, sur 50 personnes sondées, 41 sont d'accords avec ça. Alice, 20 déclare: “je n'ai vu aucun film de ce genre mais cependant, j'aurais tendance à répondre oui. En effet, en choisissant des acteurs plutôt beaux, ces films montrent plutôt le côté charismatique du tueur.”

En ce qui concerne les victimes, un très grand nombre de spectateurs trouve que tous ces biopics ne se concentrent que sur le tueur sans pour autant prendre le temps de s'intéresser aux victimes. C'est notamment le cas pour la dernière série en date du géant du streaming américain Netflix, Le Serpent. Cette série, dont le titre désigne le surnom donné au protagoniste, traite de l'histoire des crimes sanglants perpetrés par Charles Sobhraj et ses acolytes Ajay Chowdhury et Marie-Andrée Leclerc en Asie dans les années 70 . Si au début des épisodes, il est très clairement stipulé que: “Certains noms et circonstances ont été changés pour le côté dramatique et par soucis de respect envers les victimes et leurs familles,” cette série, en ne s'attardant que très peu sur les meutres et les victimes, semble donner une image quelque peu héroïque à Charles Sobhraj. Sur twitter, François Ouisse, rédacteur en chef adjoint au pôle TV Entertainment de Prisma écrit: “En train de regarder “Le Serpent” sur @netflix. L'épopée meurtrière de Charles Sobhraj [...]” Un choix de mot qui, soit par maladresse ou par lapsus vient mettre en avant le fait que le personnage du serpent et ses crimes dans la série, sont plus mis en scène de manière héroïque que ne devraient l'être ses actions.

Idôlatrés des plus jeunes..

Le nouveau problème que posent ces biopics, disponibles sur des sites de streaming accessibles à toutes les audiences, est qu'ils sont de ce fait, très facilement accessibles pour les plus jeunes d'entre nous. Les jeunes sont beaucoup plus influençables que leurs aînés et pour beaucoup, ne vont pas chercher à creuser l'histoire que leur montre un film. Souvent, ils vont d'ailleurs regarder le film uniquement parce que leur acteur préféré y joue le personnage principal et non pour connaître les détails des crimes qu'ils racontent.

Les tweets de "fans" envers les tueurs en série sont de plus en plus nombreux.

Avec la montée en flèche des réseaux sociaux au cours des dernières années, il est d'ailleurs devenu beaucoup plus simple pour les “groupies” des tueurs en série de s'exprimer librement. C'est notamment sur Twitter et Tiktok que les comptes et déclarations d'amour se multiplient. En prenant l'exemple de Richard Ramirez, aussi connu sous le nom du Traqueur de la Nuit, il suffit de taper son nom dans la barre de recherche Twitter pour trouver des dizaines de comptes fans ou encore des centaines de messages de fans amoureux, l'un de ces comptes tweet: “Je veux coucher avec Richard, mais je ne veux pas seulement du sexe, genre je veux m'allonger avec lui et sentir la chaleur de son corps contre le mien sous les couvertures [...]”. D'autres tweets sont des photos du tueur avec écrit: “Comment pouvez-vous le regarder et ne pas tomber amoureux de lui sérieux?”. A contrario bien-sûr, de nombreuses personnes viennent décrier ces comptes sur les réseaux sociaux, c'est le cas de l'internaute @wabisabilu: “Eurk certaines personnes sont malades! Il y a sérieusement des gens qui sont fans de Richard Ramirez, c'est dégoûtant.”.

Si certains de ces tueurs en série avaient déjà un “fan club” à leur époque, comme c'était le cas de Richard Ramirez ou encore de Ted Bundy, la surmédiatisation qui les entoure encore de nos jours n'est pas faite pour faire changer les choses.

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