Saint-Marin, minuscule république enclavée dans le centre de l'Italie, ne fait pas souvent la une des journaux. Mais à deux semaines d’un référendum sur la législation de l’avortement, le pays est plus que jamais divisé sur le sujet. C’est l’un des derniers Etats d’Europe à interdire totalement l’avortement avec Malte, Andorre et le Vatican. "Il faut en finir avec cette hypocrisie qui consiste à envoyer les femmes de l'autre côté de la frontière pour avorter en Italie, sans aucune aide", s'insurge Vanessa Muratori, membre de l'Union des femmes saint-marinaises (UDS), à l'origine du référendum lors d’un entretien accordé à l’AFP.
Le 26 septembre prochain, 43 ans après l’Italie, pays voisin, les 33 000 habitants de Saint-Marin vont trancher sur ce sujet explosif qui divise le pays où l'Église catholique est omniprésente. Si le “oui” l’emporte, l’IVG sera autorisé jusqu’à douze semaines de grossesse en cas de menace pour la vie de la mère ou d'anomalies détectées chez le fœtus "comportant un grave risque pour la santé physique ou psychique de la femme".
Depuis 1865, l’avortement à Saint-Marin est un crime passible d’une peine de prison allant jusqu’à trois ans pour la femme et six ans pour le médecin qui le pratique. Les tentatives de légaliser l'avortement se sont heurtées ces vingt dernières années au veto des gouvernements successifs, en grande majorité conservateurs. Le Parti démocrate-chrétien au pouvoir, proche de l'Église, a ainsi appelé à voter "non" au référendum. Saint-Marin a pris plus de temps que d’autres sur les questions du droit des femmes. Le divorce n’est instauré que depuis 1986, le vote des femmes n’est en vigueur que depuis 1964. L’issue de ce référendum pourrait donc être historique pour ce micro-pays européen.
Jules Zolt
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