Enseignant dans le nord du Liban dans les années 70, Georges Abdallah s’engage auprès du peuple palestinien et contre la colonisation. Très jeune, il quitte sa région pour rejoindre la mobilisation contre l’occupation israélienne, notamment au moment des invasions de 1978 et de 1982, dans un Liban alors en pleine guerre. Ces opérations militaires à répétition furent ravageuses et meurtrières pour les populations palestinienne et libanaise. Les bombardements de l'armée israélienne feront des milliers de victimes civiles et la barbarie trouvera son apogée à travers les désormais tristement célèbres massacres des camps de réfugié.e.s palestinien.ne.s de Sabra et Chatila en septembre 1982.
Dans ce contexte, Georges Abdallah co-fonde les Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL) qui revendiquent plusieurs opérations sur le sol français dont les exécutions en 1982 de Yacov Barsimentov et Charles Ray, agents du Mossad et de la CIA en activité. Arrêté à Lyon le 24 octobre 1984, Georges Abdallah a été condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinats à la suite d'un procès politique et criblé d'irrégularités. A titre d'exemple, citons le cas de son premier avocat, Jean-Paul Mazurier qui révélera quelques temps après le procès, avoir travaillé pour les Services de renseignements français. Ou encore ces accusations loufoques (officiellement démenties quelques temps plus tard) à l'encontre des frères Abdallah, supposément responsables des attentats de la rue de Rennes à Paris en 1986. Attentats qui serviront à ériger Georges Abdallah en bouc-émissaire dans une période où le pouvoir et les médias de l'époque cherchent un coupable aux attentats sanglants qui font la une des actualités. Le procureur réclamera 10 ans d'emprisonnement. Georges Abdallah sera condamné à perpétuité. La justice d'exception tourne à plein régime.
D'après le droit français, il est éligible à une libération conditionnelle depuis 1999. Pourtant, Georges Abdallah a fait huit demandes de libération. Sans succès. En 2013, le tribunal d’application des peines accorde cette libération mais la conditionne à une expulsion vers le Liban. Manuel Valls alors ministre de l'intérieur refuse de signer l'arrêté d'expulsion. Le motif ? Georges Abdallah refuse de se repentir. L’Etat français poursuit son acharnement. Georges Abdallah restera en prison.
En mars 2020, Georges Abdallah a reçu pour la troisième fois la visite de M.Rami Adwan, ambassadeur du Liban en France, cette fois accompagné de Mme Marie-Claude Najm, ministre de la Justice du gouvernement libanais démissionnaire. Lors de cette rencontre, ils ont réaffirmé le soutien de l’État libanais à la libération de Georges Abdallah. Tout comme la mobilisation pour sa libération qui se développe en France depuis plus de 15 ans, mais aussi au Liban où l'attendent sa famille et de nombreux soutiens, en Palestine où il est considéré comme un des 4650 prisonnier-e-s palestinien-ne-s, et dans des dizaines de pays à travers le monde.
Le 24 octobre 2021, Georges Abdallah aura passé 37 ans dans les prisons françaises ; il est devenu le plus ancien prisonnier politique d'Europe. Il est incarcéré dans la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, où des militants pro-palestiniens ont prévu de se rassembler le 23 octobre pour exiger sa libération. Selon eux, demander cette libération est une simple exigence de justice.
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