Plusieurs bombardements dans la capitale régionale de Mekele se sont produits aux alentours de 7h30 ce matin, faisant une dizaine de morts dans une zone résidentielle. Les frappes sont imputées au gouvernement fédéral selon les rebelles séparatistes de la région du Tigré.
Des bombardements inexpliqués
Un responsable de l’hôpital Ayder, le plus important du Tigré, fait également état de 14 blessés. Les services de presse ne peuvent cependant pas vérifier les informations relayées, n’ayant plus accès à la zone depuis 2020. Hier, le Front de Libération du peuple du Tigré (TPLF) avait accusé le gouvernement d’avoir bombardé l’université de Mekele, blessant plusieurs personnes et détruisant des bâtiments. Une seconde frappe avait détruit la station du radiodiffuseur régional Dimtsi Woyane. “Le régime d'Addis continue de s'opposer à toute solution pacifique à travers des démonstrations de force et des raids aériens”, a accusé le porte-parole du TPLF, Kindeya Gebrehiwot. Il a été le directeur de l’université de Mekele. Pour le gouvernement éthiopien, les bombardements ne touchent que les “cibles militaires”, affirmant que le TPLF organise des “fausses morts”, notamment en fabriquant des scènes et en déposant des sacs mortuaires. Le commandant du TPLF Tadesse Worede assure pour sa part que l’Erythrée, pays limitrophe avec le Tigré, prête main-forte à l’Ethiopie et que ses forces armées sont entrées dans la ville tigréenne de Sheraro au nord-ouest du Tigré.
Une guerre de deux ans pour des millions de déplacés
Le TPLF s’était dit “prêt à négocier” avec le gouvernement sous l’égide de l’Union africaine dimanche dernier, sans effet. Ils avaient réclamé le rétablissement de l’électricité, des services bancaires et des télécommunications dans la région du Tigré avant toute négociation, puis avaient fini par se raviser. Depuis novembre 2020, des milliers de civils tigréens sont morts dans les conflits et des millions ont été poussés à l’exil. Les rebelles comme les forces armées du gouvernement sont accusés d’exactions et de crimes contre l’Humanité sur la population civile. En cause de cette guerre au bilan encore méconnu, l’envoi de l’armée fédérale en 2020 au Tigré pour stopper des élections régionales dissidentes. Les rebelles tigréens souhaitent en effet l’indépendance de la région, une chose que le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed n’accepte pas.
Maud Baheng Daizey
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