Le Grand Prix du Brésil a pour réputation d’être souvent spectaculaire, et cette saison n’y a pas fait exception. La faute à un Lewis Hamilton des très grands jours, qui soulignait à l’issue de la course « Ce fut certainement l’un des meilleurs week-ends, sinon le meilleur week-end que j’ai vécu dans toute ma carrière ». À l’extinction des feux dimanche, le pilote Mercedes pointait pourtant à la dixième position. Inhabituel pour le septuple champion du monde de Formule 1. Qu’importe, après deux tours le natif de Stevenage avait déjà dépassé quatre pilotes. Dans le même temps, son coéquipier Valtteri Bottas, parti en pole, se faisait avaler par Max Verstappen avant même le premier virage, puis par Sergio Pérez suite à un mauvais freinage. Au terme de la 5e boucle (sur 71), Lewis Hamilton était déjà troisième et partait à la chasse des Red Bull de Verstappen et Pérez. Puis le champion du monde en titre remontait sur le Mexicain, avant de le dépasser en deux temps tour 19. L’affrontement des patrons allait une fois de plus avoir lieu en tête de la course, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Le duel entre les deux premiers du championnat du monde a d’abord pris la forme d’une bataille stratégique. Hamilton s’est arrêté pour chausser des pneus durs à la fin du 27e tour pour tenter l’ « undercut », mais le Néerlandais rentrait aux stands dans la foulée pour couvrir sa stratégie. Trop tard, l’anticipation du Britannique lui permettait de refaire une partie de son retard sur Verstappen. De près de 4 secondes avant son passage aux stands, l’écart entre les deux monoplaces s’établissait à moins de 2 secondes à l’entame du 30e tour de piste. Peu après la mi-course, un second « pit-stop » des pilotes Red Bull et Mercedes ne bouleversait les positions aux avant-postes, et les spectateurs durent attendre le 48e tour pour voir la première passe d’armes entre les deux rivaux.
Revenu comme une flèche sur le pilote de 24 ans, Hamilton a alors tenté un dépassement aux abords du virage n°4. La défense musclée de Verstappen a envoyé les deux pilotes hors-piste, mais les commissaires ont décidé de ne pas ouvrir d’investigation à ce sujet, suivant le principe du « let them race » (« laissez-les courir »). Dix tours plus tard, le pilote Mercedes s’offrait une seconde opportunité, à laquelle le Néerlandais ne pouvait cette fois pas résister. Blotti dans les échappements de la Red Bull depuis le esse de Senna, Hamilton a alors profité d’une longue aspiration pour dépasser son rival Batave. Toto Wolff, patron de l’écurie Mercedes, pouvait exulter devant la caméra alors que son pilote s’envolait vers la victoire, passant le drapeau à damier avec près de dix secondes d’avance sur le pilote Red Bull. Sa 101e victoire en carrière, la 3e sur le circuit d’Interlagos. « King Lewis » pouvait fièrement entonner « God Save The Queen », tout en brandissant un drapeau brésilien devant un public entièrement acquis à sa cause. « Il y a si longtemps que je n’ai pas gagné que je savoure cette victoire, ici, comme si c’était la première » exultait-il après la course.
« DRS Gate »
Le coup d’envoi d’un week-end à rebondissements avait été lancé dès vendredi soir. Alors qu’il avait signé le meilleur temps de la séance de qualifications devant Max Verstappen, Lewis Hamilton voyait sa première place remise en cause. Après inspection de sa monoplace, les commissaires déclaraient le DRS (aileron arrière mobile) de la Mercedes non conforme. La sanction tombait samedi après-midi : disqualification de la séance de qualifications. Le pilote de 36 ans était contraint de prendre le départ de la course sprint du samedi soir en dernière position. Une pilule d’autant plus dure à avaler pour Hamilton que son rival Verstappen allait s’élancer 2e position. Les chances d’un huitième sacre mondial semblaient dès lors plus réduites que jamais pour le pilote Mercedes, alors deuxième au championnat du monde à 19 points de « Mad Max ».
Mais c’était mal connaître l’homme aux désormais 101 victoires en Grand Prix. Au prix d’une folle remontée, le pilote Britannique bouclait les 24 tours de la course à une inespérée 5e position, à quelques encablures du podium. « Je n’avais aucune idée de jusqu’où je pourrais remonter au départ. Je me disais que je devais essayer d’accrocher le top 10 » avouait le protégé de Toto Wolff à l’issue de la première course du week-end, qui détermine l’ordre de départ de la course principale du dimanche. Toutefois, un changement de moteur sur sa voiture contraignait le pilote à une seconde pénalité, de cinq places cette fois, d’où sa dixième place sur la grille de départ dimanche.
Quatorze points
Hormis la bataille en tête, le dix-neuvième rendez-vous de la saison a vu Valterri Bottas terminer sur la dernière marche du podium, devant Sergio Pérez et Charles Leclerc. Le Mexicain a également signé le meilleur tour en course dans les derniers instants, privant ainsi Lewis Hamilton d’un point supplémentaire. Le Français Pierre Gasly termine septième, une place devant son compatriote Esteban Ocon.
Dans la lutte pour le championnat du monde, le duel entre Hamilton et Verstappen est entièrement relancé. Le Batave ne compte plus que quatorze points d’avance sur son rival, à seulement trois courses de l’issue de la saison. D’autant plus que sa leçon de résilience sur les terres de son idole Ayrton Senna semble avoir redonné pleinement espoir au Britannique « Tout s’est accumulé contre nous. Mais nous avons prouvé au monde qu'il ne fallait jamais lâcher et continuer de se battre. Nous devons garder en mémoire la manière dont nous avons géré ce week-end, et nous en inspirer pour la suite ». Une seule chose est sûre, Lewis Hamilton n’a pas dit son dernier mot, et le prochain Grand Prix prévu dimanche sur la piste qatarie de Losail promet un nouvel affrontement au sommet entre les deux cadors du championnat.
Commentaires