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Interview

Interview Thibaut Meurgue, agent licencié de la FFF

Peux tu te présenter ? Quel a été ton parcours ?

 

Bonjour, 

Je m’appelle Thibaut Meurgue, j’ai 32 ans.

Je suis Agent sportif licencié auprès de la FFF, et Président de ma propre agence de gestion de carrière TMsports.


J’ai joué au foot pendant 12 ans, je suis rapidement devenu éducateur fédéral en passant mes diplômes et en entrainant au niveau régional en Ile de France. J’ai à ce moment-là commencé à côtoyer l’univers des centres de formation, et des joueurs qui partaient faire des essais pour les intégrer.

J’ai côtoyé durant mes années collège et lycée plusieurs générations de l’INF clairfontaine (meilleur centre de pré formation en France) dont plusieurs joueurs sont devenus des amis.


Après mon bac, j’ai fait un Master en Management Marketing en école de commerce avec la volonté de travailler dans le sport professionnel. Je suis parti étudier l’économie du sport professionnel Nord-Américain dans une université Canadienne, pour ensuite faire mon mémoire de fin d’étude sur Comment monter un projet sportif tout en étant économiquement rentable en France.

Cependant, à la fin de mes études, j’ai eu l’opportunité de rentrer dans un grand Groupe Français, et j’ai eu la chance d’enchainer plusieurs postes de Direction avec des responsabilités qui m’ont fait m’éloigner de l’univers du foot pendant quelques années.

Il y a 3 ans j’ai souhaité retourner dans l’univers du football qui me passionne et passer le concours pour obtenir la licence FFF.

 

 

 

Pourquoi devenir agent ?

 

Durant les dernières années, je me suis retrouvé à devoir aider beaucoup d’amis footballeurs, sur la relecture de leurs contrats, ou pour les aider à rebondir car leurs agents disparaissaient quand ça devenait compliqué pour eux de trouver un club, car blessure ou moment difficile de leurs carrières. En échangeant avec eux, ils me confient la difficulté à trouver quelqu’un de confiance qui les accompagne à la fois dans les bons mais aussi dans les moments difficiles de leurs carrières. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire pour tenter de faire les choses à ma manière et avec mes valeurs, qu’il y avait un véritable besoin.


J’ai toujours eu une forte appétence pour le recrutement, j’ai aidé plusieurs clubs dans leurs démarches par le passé.

Devenir agent était donc pour moi le bon compromis avec ce que j’aime faire, et les compétences que je pense avoir développé.

 

 

Pourquoi tu te considères différent des autres agents ?

 

C’est difficile de se comparer et de parler des autres agents, car honnêtement je ne regarde que très peu ce que font les autres.

On entend beaucoup d’histoire, notamment sur des mauvaises expériences que les joueurs ont pu avoir dans le passé avec leurs agents, mais sans connaître l’ensemble de la relation c’est difficile de juger.

Ce que nous essayons de faire de notre côté, c’est de travailler de façon acharnée pour nos joueurs. Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir l’ensemble des contacts des clubs professionnels sur plusieurs pays, la France, la Belgique, L’Espagne, Les Pays-Bas, l’Italie, l’Allemagne et la Suisse. 

Nous sommes 3 à travailler au quotidien pour nos joueurs, avec l’objectif de construire avec eux les prochaines étapes de leurs carrières, et nous nous donnons vraiment beaucoup de mal pour atteindre tous les objectifs qu’on se fixe avec nos joueurs.

Nous avançons toujours avec nos valeurs, quand nous décidons d’accompagner un joueur c’est vraiment pour le meilleur et pour le pire. Trop de joueurs se retrouvent abandonnés quand il y a une blessure ou quand il faut descendre d’une division car les prestations n’étaient pas au rendez-vous et que le temps de jeu a été réduit.

J’estime que c’est à ce moment là que les joueurs ont vraiment besoin de leurs agents…Quand tout va bien, et que le joueur surperforme, tout est facile, le rôle de l’agent est limité, les clubs viennent tout seul à nous… c’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît la véritable valeur d’un agent.

 

Je pense que notre image et notre réputation sont aujourd’hui ce qui fait notre « publicité ».

Il faut que les joueurs prennent le temps de choisir une personne qui leur correspond et pour cela il est facile de prendre des renseignements auprès de joueurs qui ont travaillé avec l’agent en question par le passé. 

 

Côté club, c’est la même chose. Nous avons la chance en travaillant sérieusement de nouer des relations de confiance avec les clubs, et c’est la base pour ensuite travailler sereinement.

Nous défendons les intérêts de nos joueurs et non ceux des clubs, donc forcément, on peut être en désaccord, mais il faut savoir communiquer, échanger pour comprendre les attentes de chacun. Avec de la confiance et de la transparence, ça se passe toujours très bien.

 

 

Comment vois tu le futur du football ?

 

Il y a clairement un changement générationnel, je vois des jeunes joueurs de plus en plus talentueux. Cependant, ils sont de moins en moins bien encadrés, ils ont du mal à comprendre les efforts à fournir pour devenir professionnel et surtout ce qu’il faut faire pour le rester et faire une longue carrière.

Les réseaux sociaux n’aident pas à cela.

Ceux qui réussissent à aller au bout sont certes talentueux, mais c’est très souvent ceux qui ont compris les efforts à fournir pour y arriver. Quand je dis efforts, c’est footballistiquement parlant mais aussi mentalement parlant et dans les attitudes.

 

Un avis sur la superleague ?

 

Pas vraiment d’avis, il faut voir le dossier dans son ensemble pour avoir un avis.

Quelles seraient les retombées économiques pour les clubs qui en feraient partie mais aussi pour tous les autres.

Il est important de garder un écosystème vertueux pour tout le monde.

On ne peut distribuer la richesse qu’à travers une quinzaine de clubs, et appauvrir en contrepartie tous les autres.
Le football doit rester un sport populaire, tout le monde doit y avoir accès.

Et c’est important pour cela que les clubs possèdent les revenus suffisants pour exister et pour se développer.

 

Pourquoi avoir choisi la région centre val de Loire principalement ?

C’est effectivement l’une de nos régions de prédilection.

Après, l'agence est basée à Paris, donc nous sommes aussi sur l’IDF.
Nous allons également souvent sur la Bretagne, les hauts de France, et la région pays de la Loire. 

La région centre reste une priorité, car nous avons des « partenariats » forts avec les meilleurs clubs de la région. Il s’agit aussi d’une région où de très bons clubs professionnels français n’ont pas de scout, et donc nous avons un rôle important à jouer pour eux de leur faire remonter les informations sur les meilleurs joueurs de la région.

 

 

Que penses-tu des formations en tant qu'agent de footballeur ?

Il y en a une qui est vraiment TOP, c’est PEGAS Académie, c’est un agent licencié passionné qui effectue une vraie formation adaptée… c’est clairement les meilleurs pour obtenir la licence.

Après concrètement il n’existe aucune formation qui peut réellement préparer à être agent de joueurs ; il faut du terrain, de la pratique, voir des matchs, se construire un réseau auprès des joueurs et auprès des clubs. C’est un métier ultra concurrentiel, la licence ne permet pas de réussir, c’est tout le reste à côté qui permettra d’en faire un véritable métier.

 

Des conseils pour quelqu'un qui veut devenir agent ?

Voir des matchs, commencer à se constituer un réseau, être curieux et déterminé.

La licence n’est pas évidente à avoir, mais devenir agent et en faire son métier est encore beaucoup plus compliqué… Il faut énormément travailler pour devenir un bon agent, et pour durer dans le métier, il faut également faire beaucoup de sacrifices.

 

 

Pour passer la licence ,

En gros, pas obligatoire de faire une formation mais ça peut clairement aider.

Première partie du concours, sur du droit très général, droit des contrats, fiscalité, droit des assurances, droit du sport… Tout sauf du foot, mais ça reste des disciplines intéressantes dans l’ensemble. Il faut avoir 10/20 à cette première épreuve pour avoir le droit de passer la deuxième.

Pour la deuxième partie, c’est beaucoup dû par cœur, sur des questions très précises.

FIFA, FFF et LFP, les statuts et les règlements… tous les documents sont disponibles sur les sites internet, il faut juste tout apprendre…. Il faut avoir 14/20.

 

 

 

 

Quel est pour toi un mauvais agent ? 

 

C’est plutôt aux joueurs de te dire ce que représente pour eux un mauvais agent, moi j’ai du mal à juger ce que font les autres, je me concentre sur moi-même, mais j’aurais tendance à te dire des agents qui vont être là uniquement pour le profit, qui ne vont pas s’intéresser réellement à ce qui est bon pour la carrière des joueurs, des agents qui empilent les joueurs, ou qui ont 5 joueurs au même poste avec le même profil par exemple… mais en soit ils ne forcent pas les joueurs… chacun est libre de faire son choix, donc si les joueurs vont avec eux...c’est qu’à un instant T ils estiment faire le bon choix.

 

On reconnait les bons agents dans les mauvais moments, et on reconnaît la fidélité et l’état d’esprit du joueur quand tout va bien et qu’il va être très sollicité.

Après je pense qu’il n’y a rien de pire que les agents qui contactent les joueurs en leur disant, j’ai un truc pour toi…donne moi mandat et je te fais signer à tel endroit.

Les joueurs ne sont pas bêtes à un moment donné, cette approche ne peut plus marcher. Ça doit être un redflag. Je ne comprends pas cette démarche qu’ont les « agents » en question, qui devraient se concentrer sur les joueurs qu’ils ont sous mandat, en mettant toute l'énergie nécessaire pour leur épanouissement, et à ce moment-là de nouveaux joueurs viendront à eux. Ils passent leur temps à tenter d’aller chercher des joueurs qui travaillent déjà avec un autre agent, en promettant des choses totalement incongrues. Il vaut mieux s’occuper de ses propres joueurs, faire du bon travail, et les choses s'enchaînent naturellement.

 

Et un bon agent ?

 

A chacun de choisir un profil qui lui semble adapté… 

Moi je peux te parler des valeurs de l’agence qui me semblent être importantes 

  • Pour le meilleur et pour le pire.
  • Quand on décide d’accompagner un joueur c’est pour toutes les étapes de sa carrière.

La franchise, c’est pour moi le plus important. Il faut dire la vérité aux joueurs, sur ce qu’on est en mesure de faire, et sur ce qu’on pense de son niveau.

Si tu fais de fausses promesses, ça se retournera toujours contre toi, à un moment donné le joueur sera déçu, et ce n’est pas l’aider dans sa progression, que de ne pas lui dire la vérité.

Nous avons décidé de notre côté d’être une Agence à taille humaine, mais nous avons aujourd’hui une chance incroyable qui est de posséder tous les contacts dans les 7 plus grands championnats européens. On a réussi à se structurer pour proposer tous les services essentiels pour nos joueurs (prépa physique, stage pré saison, sponsoring, etc.)

On propose du coup, les mêmes services que les plus grosses agences, mais en gardant notre approche à taille humaine.
On privilégie la qualité à la quantité, on ne prend pas deux joueurs avec le même profil au même poste, ça fermerait des portes pour nos joueurs en période de mercato par exemple.

 

 

Comment vois-tu le futur de la FFF avec les problèmes qui les entourent en ce moment ?

 

Je vois bien Jean-Michel Aulas prendre la tête de la FFF, je pense qu’il est le candidat idéal.

Il faut un grand président pour cette institution, et il est l’un des plus grands dirigeants Français que le football ait pu connaître.

Il y a besoin de réformes en profondeur, de pragmatisme et d’exemplarité, et je pense qu’il est l’une des rares personnes aujourd’hui à pouvoir tout assurer.

 

Quel est pour toi le plus important pour un jeune voulant devenir footballeur professionnel?

 

De croire en ses rêves, de beaucoup travailler, de ne jamais rien lâcher.


Mais il faut aussi être pragmatique sur son niveau de jeu. Franchir les étapes les unes après les autres.

Beaucoup ont le rêve de devenir pro, mais ce n’est pas parce qu’on va payer une détection à 100€ qu’on va devenir pro…alors que le reste de l’année on joue en championnat de District. (J’en profite pour rappeler qu’il ne faut pas payer pour faire une détection… un club qui souhaite voir un joueur, l'invite à venir dans le club, et bien entendu gratuitement).

 

Il faut beaucoup travailler pour jouer au plus haut niveau possible, et à ce moment-là les choses se feront naturellement pour être remarqué par les scouts d’un club pro.

 

Un dernier mot ?

 

Prenez soin de vous et profitez de la vie.


 

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