Alors que de grands réalisateurs hollywoodiens présentent, en ce moment même, leurs nouvelles oeuvres sur la croisette au festival de Cannes, le scénario de la finale de la coupe d’Europe de rugby entre le Leinster et La Rochelle dépasse n’importe quel Indiana Jones ou le nouveau Scorsese. Si ces deux équipes - déjà finalistes l’année dernière lors du premier sacre européen des rochelais -promettaient une finale de haut vol, le déroulé du match est tout aussi spectaculaire.
Le plan du Leinster
A peine entrés sur le pré, les irlandais de la province du Leinster filent à l’essai en moins d’une minute de jeu après une touche jouée courte. Le ton était donné. Chez lui, devant son public, le Leinster était parti pour prendre sa revanche. Comme si tout était préparé depuis un an, date de leur dernière défaite en finale de coupe d’Europe face à ces mêmes Rochelais.
Même sans leur ouvreur Jonathan Sexton, qui regardait le match depuis les tribunes en raison d’une blessure à l’aine, l’équipe déroulait son jeu avec aisance et une vitesse folle. Dès la 6ème minute, O’Brien aplatit le deuxième essai devant son public qui exulte. Rebelote, à la 12ème minute, Sheehan inscrit un troisième essai alors que Kerr-Barlow (demi de mêlée rochelais) était sorti pour 10 minutes à cause d’un carton jaune.
Le quart d’heure de jeu n’était pas passé que les irlandais menaient déjà leur finale à la perfection. Ils réussissaient tout, avec une rapidité affolante. Ils étaient redoutables d’efficacité. Ils semblaient toujours avoir un ou plusieurs temps d’avance. Ils gagnaient presque tous les duels physiques et menaient 17 à 0.
Une revanche étouffée
Du côté des jaunes et noirs, Jonathan Danty (centre du XV de France) percute Ringrose et reste sur ses appuis pour relancer sa course et inscrire un essai en force suivi d’un cri rageur, comme pour dire à ses coéquipiers qu’ils allaient le faire.
Et le message est parfaitement passé, les compagnons de Jonathan Danty et de Grégory Alldritt montent d’un cran en intensité et font jeu égal avec les hommes du Leinster. Seuteni poursuit la révolte avec un essai avant la mi-temps. Les deux équipes rentrent au vestiaire. Le tableau d’affichage indique 23-14 pour les bleus.
En deuxième mi-temps, les Rochelais inversent la vapeur et asphyxient les irlandais en les poussant à faire des fautes en défense. A l’image de l’essai de Colombe à la 72ème minute, où les hommes du Stade rochelais ont pilonné la ligne irlandaise pendant de longues séquences jusqu’à trouver la faille.
Il ne reste alors que 8 minutes de jeu et les hommes de Ronan O’Gara, - entraîneur rochelais et icône de la province du Munster (sud de l’Irlande) -, mènent 26 à 27. De quoi faire vibrer le port de La Rochelle… et le sud de l’Irlande qui supporte son idole face à la province « ennemie ».
Après un match fou, tant dans le scénario que dans le niveau de jeu, les Rochelais sont parvenus à revenir de très loin pour bousculer, déstabiliser et vaincre la meilleure équipe du monde. Un exemple de résilience et un mental d'acier pour une victoire monu-mentale ! Ils ont refusé de perdre, comme si eux seuls avaient le choix de l’issue de ce match.
La France des records
Le Leinster, en s’inclinant à domicile, perd sa troisième finale de coupe d’Europe (2019 face aux Saracens, 2022 et 2023 face à La Rochelle). Cette province irlandaise reste donc à 4 titres en Coupe d’Europe, derrière le record inégalé des toulousains avec leurs 5 étoiles.
Le Stade rochelais, quant à lui, fête sa troisième finale européenne d’affilée avec un deuxième titre consécutif. Un exploit monumental pour l’un des plus vieux club de l’hexagone, en Top 14 (première division professionnelle) seulement depuis 9 saisons.
Ainsi, avec ses 4 clubs champions d’Europe (Toulouse 5 fois, Toulon 3 fois, La Rochelle 2 fois, Brive 1 fois), la France est la plus titrée. Elle devance même l’Angleterre et ses 10 titres partagés entre 6 clubs.
Quelques données réconfortantes pour le rugby français, à quelques mois de la coupe du monde que le pays s’apprête à accueillir. D’autant plus que l’homme élu joueur du match de cette finale et meilleur joueur de la compétition par l’EPCR (European Professional Club Rugby) n’est autre que Grégory Alldritt, troisième ligne centre et homme fort du XV de France.
Commentaires