Quand un enfant rencontre des difficultés scolaires, on a tendance à aller au plus court, à ce qui semble le plus efficace et le plus utile pour éviter l’échec scolaire: des cours particuliers. Alors bon en soi, pourquoi pas, mais il y a peut être un petit état des lieux à faire avant, histoire d’être sûr qu’on ne fait pas fausse route et que l’enfant n’est pas en souffrance. Des résultats qui chutent de manière soudaine, rapide et significative sont un appel à l’aide qu'il est nécessaire d'entendre.
En ce qui concerne l’échec scolaire, il existe beaucoup de causes possibles, toutes aussi personnelles que conjoncturelles.
Les yeux et les oreilles
Virginie Baquerre, psychologue clinicienne, morphopsychologue et orthophoniste, confie que “souvent, on oublie, tout simplement de vérifier les yeux et les oreilles. Ca paraît évident et pourtant cela fait partie des causes principales d'échec scolaire. Les ophtalmologistes ne pensent pas toujours à demander l’avis d’un orthoptiste par exemple.” Il ne s’agit pas là de handicap majeur, mais de gênes, de fatigue visuelle due notamment aux écrans, de surdité partielle ou latérale qui empêcheraient une bonne compréhension. Tout cela peut ralentir les apprentissages, provoquer isolement et perte d’intérêt.
Le posture du corps
Une mauvaise perception et stabilité du corps dans l’espace peuvent également nuire aux apprentissages. L’ergonomie du lieu de travail est très importante car elle permet au corps d’éviter la fatigue et les douleurs. Cela aurait des répercussions sur le psychique et sur le sommeil, contribuant ainsi à l’échec scolaire. Le corps doit se taire pour permettre à l’esprit une concentration optimale. Avoir le dos bien droit, être confortablement assis ou tout bêtement vérifier que votre enfant pose bien ses pieds au sol lors de ses leçons.
Cependant le corps doit parfois être lui-même l’instrument des savoirs.
P.E.Dennison, Ph.D, éducateur professionnel et chercheur en neurosciences, explique le lien entre le développement physique, l’acquisition du langage et la réussite scolaire. Il démontre l’importance du mouvement dans les apprentissages, dénonçant ainsi l’absurdité des longues heures assis en classe. “Cela va à l’encontre de leurs besoins physiologiques et leur capacité innée d’apprendre par le mouvement” peut-on lire dans “le corps en mouvement” de Fanny le Floc’h
L’enfant apprend par le “faire” en premier lieu. La pleine possession de son corps est la garantie d’un apprentissage efficace.
un posturologue peut aider à poser un diagnostic.
Les réflexes archaïques
La mauvaise ou non acquisition de certains réflexes archaïques empêche l'enfant d'acquérir la totalité des moyens physiques qui lui sont nécessaires pour être à l'aise dans ses apprentissages. De là peuvent naître certaines difficultés scolaires et/ou comportementales menant parfois jusqu'à l'échec scolaire.
Par exemple, si l’enfant n’est pas passé par le 4 pattes pour apprendre à marcher, il se peut que le réflexe archaïque attaché à cette étape de développement ne se soit jamais manifesté. En effet, lors de la marche à quatre pattes, le bébé fait travailler, par la coordination des membres opposés, les connexions entre son cerveau droit et son cerveau gauche. Une voie neuronale faite de nerfs se forme, elle s’appelle le corps calleux. Ce “pont” permet aux deux hémisphères de communiquer l’un avec l’autre. Si la voie est déjà tracée et bien fournie en “câbles”, l’enfant aura toutes les chances pour que ses apprentissages se passent dans les meilleures conditions.
Les neurosciences ont ouvert les portes de la connaissance sur le cerveau. La plus essentielle a été d’apprendre que le cerveau bénéficiait d’une plasticité tout au long de la vie et pas seulement durant la petite enfance.
Du coup, rien n’est gravé dans le marbre, donc réparable au besoin.
Il existe des vidéos pour aider les enfants à créer ce “pont” et ce à n'importe quel âge et ainsi prévenir l'échec scolaire.
La brain gym ou la neuro gym peuvent venir en aide aux ados/enfants s’ils rencontrent quelques difficultés de concentration, de mémoire ou d’apprentissage.
Les troubles DYS
En cas de doute sur les difficultés rencontrées, des tests existent pour déceler les troubles DYS et ainsi éviter un échec scolaire faute de diagnostic:
Dyslexie: Trouble de la lecture avec une difficulté à identifier les lettres, les syllabes et les mots
Dysorthographie: Trouble dans l’acquisition et la maîtrise des règles de l’orthographe
Dyscalculie: Trouble du raisonnement, de la logique ou de l'utilisation du nombre
Dysphasie: Difficulté de mise en place du langage oral
Dyspraxie: Trouble de la réalisation du geste
Dysgraphie: Trouble de la forme de l'écriture
et pour finir les troubles de la concentration et de l’attention.
Motivation
La fautive, peut être aussi la motivation? C’est Louis Cozolino, psychologue, qui explique que le cerveau se développe lorsqu’il est stimulé et qu’il s’affaiblit lorsqu’il ne l’est pas.
Du coup là, Virginie Baquerre dit: “Sortez les! Ouvrez-les au monde. Cela leur permet de faire le lien avec ce qu’ils apprennent à l’école. Regardez Koh-Lanta par exemple, sans les laisser seuls, et encouragez-leur à donner leur avis sur le comportement des uns et des autres afin de travailler leur esprit critique. L’enfant travaille en jouant. Il apprend mieux s’il est détendu”.
Le stress
Une des causes la plus souvent citée de l'échec scolaire est "le stress" ou la pression.
Oui en effet, l’école demande aux enfants de suivre, d’être concentrés, d’être disciplinés, de ne pas faillir sous peine de redoublement, de rattrapage, de colle, voire de punitions.
C’est encore la méthode du bâton.
Et le pire c’est que souvent, les parents partagent ce mécanisme avec les enseignants. Les adolescents sont parfois accablés de “il faut” ou “tu dois”.
Tout cela d’après l’adage connu et reconnu du "c’est pour son bien". Après tout, c’est de l’avenir dont on parle, leur avenir.
Ca fonctionne souvent, mais à quel prix?
Au prix d’un stress délétère pour le cerveau des élèves. “ Quand nous sommes stressés, l’amygdale cérébrale, centre de la peur, provoque la sécrétion du cortisol et de l’adrénaline, molécules qui en quantité importante peuvent être très toxiques pour le cerveau et donc notre santé physique et psychologique” nous explique Catherine Gueguen dans l’ouvrage “Heureux d’apprendre à l’école”.
Marcel Rufo, pédopsychiatre et auteur de nombreux ouvrages sur les enfants et adolescents, explique qu' “en cas de difficultés à l’école, ne lui montrons pas notre désarroi, car le stress freine l’apprentissage. Restons solides et trouvons des solutions avec ses enseignants.”
Confiance en soi
Le manque de confiance en soi peut se traduire par une peur de l’échec.
La réussite scolaire peut être entravée par la difficulté à avoir conscience de ses atouts et de ses points forts. La bataille semble parfois perdue.
Pourquoi se battre si c’est fichu d’avance?
Et là c'est l'échec scolaire assuré.
“C’est dur d’échouer mais c’est pire de n’avoir jamais essayé de réussir” Théodore Roosevelt
De ce fait, il est plus utile d’encourager les efforts que de complimenter. Les compliments n’ont pas d’emprise sur les qualités innées. Si elles sont la sources de notre fierté, quelles perspectives d'amélioration possède l’élève?
L’amour ne doit pas être soumis à conditions de résultats et de notes. Marcel Rufo conseille ainsi: “J’encourage les parents à être les supporters inconditionnels de leur enfant. Surtout en cas de coup dur ! Avec l’espoir que le succès sera au bout. Cette réserve d’espérance peut pousser un enfant à se dépasser.”
Montrer sa confiance, avoir foi en leurs capacités, rappeler que l’erreur fait partie intégrante des apprentissages, que recommencer aussi, que les efforts payent.
“Tu dessines bien!” ne fera pas le même effet que “Dis donc tu t’es drôlement appliqué pour dessiner, je vois que tu as soigné le trait, que tu as bien progressé depuis la dernière fois. C’est un très beau travail!”. Dans la seconde option c’est l’effort et le travail fourni qui sont mis en valeur et non des capacités qui peuvent sembler naturelles, sur lesquelles l’enfant n’a aucune emprise. Il est utile d’encourager l’effort et la progression. D’autant que cela signifie que le niveau est perfectible. c’est bien plus stimulant.
L'estime de soi
L'estime de soi, c'est la capacité de s’aimer tel qu’on est et de s’accorder à soi-même suffisamment de valeur.
C’est pourquoi une mauvaise estime de soi ne permet pas de prendre les échecs comme des enseignements de la vie mais comme la confirmation d’une incompétence, d’une incapacité ou d’une faible valeur personnelle. Le découragement peut pointer le bout de son nez assez rapidement et conduire l’élève à une situation d'échec scolaire. En effet l’estime de soi permet de tirer profit de ses talents et de ses compétences. De plus “elle nous met à l’abri du jugement d’autrui dans ce qu’il peut avoir d’arbitraire, d’injuste ou de méchant” écrit Christine Baudry, journaliste à Santé Magazine. Les adolescents seront donc moins sensibles aux propos d’un prof peu bienveillant ou d’une ambiance en classe peu coopérative.
C’est pourquoi une bonne estime de soi est à consolider en permanence, en profondeur, au quotidien. En cas de défaillance, ne pas hésiter à se tourner vers des personnes de confiance, au regard bienveillant (amis, famille…), à réactiver des pensées positives (faire la liste des accomplissements), pratiquer un sport qui permet un dépassement de soi (boxe, danse, varappe, basket, peu importe en fait).
La communication / la relation
Une mauvaise communication élève/enseignant, enfant/parent contribue grandement à l’échec scolaire. En effet, il a été mis en évidence par tout un tas de nouvelles connaissances, sur le cerveau mais pas seulement, qu’une relation empathique permet de se sentir compris et respecté. La motivation et l’enthousiasme grandit. La réussite scolaire se renforce et l’enseignant se sent plus compétent aussi. Quel cercle vertueux!
Catherine Gueguen dans son livre “Heureux d’apprendre à l’école” nous parle également de l’attachement qui lie l’élève à son professeur. Pour l’élève c’est presque une condition sine qua non aux bons résultats.
Privilégier un lien de qualité et respectueux offrira à l’élève toutes les chances de réussite.
Comprendre l’affinité des matières en fonction de la qualité de la relation enfant/prof, nous offre un éclairage nouveau sur les difficultés que les élèves peuvent rencontrer au cours de leur scolarité.
Catherine Gueguen définit une personne soutenante comme “une personne capable de porter un regard positif sur l’enfant, consciente du potentiel de développement de l’enfant et soucieuse de son bien-être émotionnel. Un adulte bienveillant favorise l’autonomie des enfants, les soutient et valide leurs démarches quand ils cherchent des solutions”.
En l’absence de lien ou une mauvaise communication, il est possible dans un premier temps de prendre un rdv pour essayer de comprendre les motivations du professeur et parler de l’enfant pour l’aider à mieux le comprendre. En effet il arrive que le nombre d’élèves par classe, la surcharge de travail ainsi que le manque de temps ne leur permettent pas de connaître correctement les élèves dont ils ont la charge.
Ensuite si le dialogue est impossible ou peu satisfaisant. Il faudra veiller à ne pas laisser l’enfant se lasser d’une matière qui aurait pu lui apporter certaines joies et motiver sa curiosité.
Intégrer les apprentissages dans son quotidien, lui permettre de redécouvrir la matière avec quelqu’un de passionné ou faire les devoirs en famille par exemple.
A l’adolescence, la tâche est plus ardue, autant pour les parents que pour les enfants. Il n’y a pas que les bouleversements hormonaux. Les besoins nouveaux, la modification des chemins neuronaux compliquent les prises de décisions et leur grande réactivité sont autant de difficultés que les parents seront amenés à rencontrer.
“échouer, c’est avoir la possibilité de recommencer de manière plus intelligente”
L’échec scolaire est la hantise de tous parents tant la société nous impose une obligation de résultats. Cependant malgré les enjeux, il est important de maintenir une bonne relation, une bonne entente, une confiance mutuelle dans les relations avec les enfants. C’est dans une relation de qualité, dans laquelle ils se sentiront soutenus, épaulés, plus particulièrement à l’adolescence, qu’ils pourront avoir la pleine conscience de leurs capacités. Ils donneront le meilleur d’eux-mêmes et auront à cœur de progresser.
Comme toujours le rôle de parent est un rôle d’accompagnateur bienveillant avec son enfant. Ne doutant jamais du potentiel de l’enfant, et sans imposer une voie, le guidant sereinement vers l’expression de son individualité et la pleine possession de sa vie telle qu’il la désire.
Avec l'aimable participation de
Virginie Baquerre, psychologue clinicienne, morphopsychologue et orthophoniste
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