Des premiers ballons Français d’hier aux gigantesque dirigeables et Zeppelin d’aujourd’hui nous vous emmenons à la rencontre de ces mastodontes des airs, en retraçant leur fascinante histoire.
Sergey Brin, fondateur de Google, a annoncé vouloir construire le plus grand dirigeable du monde, essentiellement pour des raisons humanitaires. Le ballon dirigeable à la côte depuis quelques années, mais nos connaissances sur cet objet volant sont parfois très réduites. Mais avant toute chose, qu’est-ce qu’un ballon dirigeable ?
Le dirigeable est un grand ballon à gaz plus léger que l’air. Celui-ci peut être navigué à l’aide d’hélices entraînées par un moteur (voir schéma). Trois types de dirigeables existent : les dirigeables semi-rigides, avec des quilles rigides qui parcourent la longueur de l’enveloppe pour conserver sa forme ; les dirigeables non rigides où la pression interne de l’hélium maintient sa forme. Ils constituent le principal type de dirigeable couramment utilisé aujourd’hui. Le dernier type de dirigeable est rigide, aussi appelé zeppelins, avec un cadre métallique interne pour conserver la forme de l’enveloppe.

L’ère du dirigeable a commencé au XIXe siècle et a atteint son apogée dans la première moitié du XXe siècle. Ils étaient le moyen de transport de la première compagnie aérienne et aussi le premier objet volant qui transportait des passagers au-dessus de l’Atlantique. L’ère de l’aviation à grande échelle a commencé lors de la Première Guerre mondiale, pour se conformer aux exigences de performance militaire, le dirigeable étant au cœur de cette stratégie. Ils ont occupé, lors de la Première Guerre mondiale, une place importante, ils étaient connus comme étant les icônes de la puissance et du prestige d’un pays. Ils étaient principalement utilisés comme engins de reconnaissance et de transport. Actuellement, les dirigeables sont principalement utilisés dans les secteurs touristiques, publicitaires, ou encore dans la surveillance et la recherche.
Puisque le gaz fournit la principale source de portance dans un dirigeable, plutôt qu’un moteur à combustion comme dans un avion, les dirigeables peuvent voler et stationner sans dépenser de carburant ou d’énergie. Cette particularité notable leur permet de pouvoir rester en l’air de plusieurs heures à plusieurs jours, bien plus longtemps que les avions ou les hélicoptères.
Les origines des dirigeables
L’histoire des dirigeables, comme celle des ballons à air chaud et des montgolfières, a commencé en France. Elle trouve son origine dans la volonté de l’Homme de manœuvrer à sa guise les premiers aéronefs. En 1782, Joseph et Etienne Montgolfier ont l’idée d’utiliser la fumée d’un feu pour vaincre la pesanteur. Les deux frères vont expérimenter leur découverte en utilisant l’air chaud pour gonfler une sphère de papier Ils développent le premier ballon, appelé montgolfière et réalisent ainsi le premier vol inhabité.
Peu de temps après, Pilâtre de Rozier et le Marquis d’Arlandes établissent le premier vol habité par l’Homme, bien que l’engin volant incontrôlable. Les aérostiers cherchent donc dès 1784 à pouvoir contrôler et diriger cette nouvelle invention. La forme sphérique des ballons ne tarde pas à être remise en cause et un dirigeable doté d’une enveloppe allongée, d’hélices et d’un gouvernail, ressemblant au dirigeable d’aujourd’hui est créé. Il reste cependant un problème de taille. Les grandes dimensions des aéronefs restent problématiques face aux vents et les motorisations de l’époque ne sont pas suffisamment puissantes pour le contrer.
Henri Giffard parviendra, en 1852, à couvrir une distance de 27 kilomètres, tout en contrôlant son aéronef. Malgré cette performance inédite, l’aéronef de Giffard n’est pas reconnu comme dirigeable, et il faudra attendre 1884 pour voir le premier aéronef officiellement reconnu comme dirigeable. Par la suite, Henri Giffard mettra au point le premier ballon dirigeable à vapeur, en 1852.
Le développement du concept des dirigeables
Malgré les innovations apportées par ces aéronautes, il faut attendre le 9 Août 1884 pour voir se concrétiser le rêve de l’Homme de dompter les vents. Charles Renard et Arthur Krebs réalisent un vol historique. A bord de l’aérostat « La France », les deux Français réalisent ce qui est considéré comme le premier vol en dirigeable. Ils effectuent en effet un vol de 23 minutes au-dessus de la forêt de Meudon. L’engin pouvait alors se propulser à 24 kilomètres par heure. La particularité de ce vol est qu’il se déroule en circuit fermé, c’est-à-dire que le dirigeable revient à son point de départ, prouvant ainsi la « dirigeabilité » de leur aéronef.

Mais les deux Français n’étaient pas les seuls à commencer à développer cette innovation volante. Brésilien d’origine et français d’adoption Santos Dumont était aussi de la partie. Il va construire de nombreux aéronefs, dont une majorité de dirigeables, qui vont se démarquer et faire considérablement se développer cette invention.
En 1901, le « n°6 » gagne le Prix Deutsch de la Meurthe, un prix récompensant le premier circuit au-dessus de Paris et de la Tour Eiffel. Deux ans plus tard, Santos Dumont construit « la Baladeuse », son numéro 9, qu’il utilise régulièrement comme moyen de transport. Ce dirigeable sera aussi le premier à avoir volé de nuit.
Du côté de l’Allemagne, ce qui deviendra la plus grande entreprise de dirigeable du monde voit le jour en 1898. Le Comte Ferdinand Von Zeppelin dépose en 1895 un brevet affichant les bases de ce qui sera le modèle des Zeppelins durant près d’un siècle et constitue une réelle rupture dans l’histoire du dirigeable : le dirigeable rigide en aluminium est né.
Parallèlement au développement de la société Zeppelin, la première compagnie aérienne du monde voit le jour en 1909. Durant ses cinq années de services, la société transporte ainsi quelque 33 000 passagers, sa flotte de dirigeables parcourant 170 000 km en un peu plus de 3000 heures de vol. Elle a donc fait le choix de la marchandisation de cette invention, et cela paie, durant ces 1600 vols, aucune victime n’est à déplorer.
La Première Guerre mondiale : militarisation du dirigeable
Dès le début de la Première Guerre mondiale, les pays européens réquisitionnent leurs dirigeables respectifs. En France, ils sont utilisés pour la surveillance et le bombardement. Plusieurs types de ballon voient le jour, dans le but d’appuyer l’armée aérienne de chaque camp. Dans la marine française et anglaise on voit apparaître, par exemple, de petits dirigeables souples dans la surveillance maritime et la lutte anti-sous-marine.

Du côté Allemand, trois sociétés construisent un grand nombre de dirigeables, la plupart à des fins militaires (Zeppelin, Parseval, Schütte-Lanz). Durant la Première Guerre mondiale de nombreuses évolutions, tant dans la conception et la production que dans l’exploitation des dirigeables voient le jour. Ces intenses innovations engendrent une course aux records.
L’entre-deux guerre : l’apogée du dirigeable
A la fin de la Première Guerre mondiale, les technologies développées permettent d’établir de nouveaux standards, l’intérêt des dirigeables a été démontré et de nouvelles perspectives se dessinent. Une nouvelle approche se met en place, chaque pays veut désormais posséder le plus grand, le plus puissant et le plus performant des dirigeables, dans un unique but : appuyer sa suprématie. Dans le but d’atteindre cet objectif, de grands programmes nationaux voient le jour au Royaume Unis, en France, en Italie etc… Les Américains développent, conjointement avec Zeppelin, plusieurs très gros dirigeables. Ces dirigeables sont les plus grands et puissants dirigeables américains, véritables porte-avions volants, transportant jusqu’à 5 chasseurs, largables et récupérables en vol.

Crédit : Moffet Field Historical Society
En Allemagne, l’entreprise Zeppelin, ira jusqu’à développer de nouveaux dirigeables, de plus en plus grands et de plus en plus performants qui seront capable de boucler un tour du monde en 12 jours. Cette période de course aux records et au « soft power » à beaucoup agis pour le développement du dirigeable.
Succession d’accident, mortel pour le dirigeable
Les dirigeables deviennent un fleuron industriel, militaire voire même un moyen de propagande dans certains pays. Il devient médiatique et célèbre. Cependant une série d’accidents entache durablement l’image du dirigeable.
Le 6 Mai 1937 le plus grand Zepellin du monde, LZ129-Hindenburg, s’écrase à son arrivée aux USA, causant la mort de 35 personnes parmi les 97 à bord. Bien que très médiatisé et considéré comme l’accident de dirigeable le plus grave, il n’est pas le plus meurtrier. Néanmoins, ce crash marque les esprits durablement.
Cette subite expansion des dirigeables s’est accompagnée d’une vague d’accidents et d’incidents plus ou moins graves. Ainsi, sur la seule année 1920, on ne dénombre pas moins de 3 accidents, causant la mort de 130 personnes.
Enfin, l’accident mortel du Hindenburg, le plus grand des dirigeables et véritable fleuron de la firme allemande Zeppelin, signe définitivement l’arrêt des développements des grands dirigeables.
L’après-guerre : le déclin du dirigeable
Cette série d’accidents n’est pourtant pas la seule cause du déclin des dirigeables. Après la Seconde Guerre mondiale, la priorité n’est pas aux dépenses dans le développement des dirigeables. De plus, son rôle au sein de cette guerre n’a pas été jugé d’une grande, contrairement aux avions, qui ont joué un rôle capital dans la chute du régime nazi. Les dirigeables, jugés trop dangereux et sans réel intérêt commercial ou militaire, sont peu à peu délaissés. Le développement de nouveaux aéronefs, tels que les avions, les hélicoptères, les fusées et même la conquête spatiale concentre peu à peu tous les efforts, tous les budgets et tous les fantasmes.
Seule la firme américaine Goodyear, continue d’innover et de produire des dirigeables souples. Goodyear existe toujours aujourd’hui et vient de relancer la collaboration historique qui la lie à Zeppelin en prenant possession de la toute dernière version du Zeppelin NT.
Nouveau siècle, nouveau souffle dans l’histoire du dirigeable
Aujourd’hui, les dirigeables sont plus connus pour leur puissance commerciale que pour leurs usages dans le domaine de la surveillance. A partir des années 2000, le dirigeable retrouve des vents favorables ; de nombreux projets voient le jour régulièrement un peu partout dans le monde. La société Zeppelin renaît en 1993 et développe en 2013 des Zeppelin NT, pour un usage de croisière, de publicité aérienne ou de surveillance.

Les forces armées des États-Unis développent depuis le début du XXIe siècle, plusieurs projets de dirigeables, pour des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, officiellement encore à l’état de prototypes en 2012.
D’un point de vue sportif, un partenariat est lancé en 2010, entre l'Unesco et la World Air League, une ONG américaine militant pour le développement du transport aérien. Point d'orgue de leur campagne : la World Sky Race, course autour du monde en aérostat d'environ 48 000 km. Les organisateurs espèrent convaincre le public et l'industrie aéronautique du potentiel des dirigeables.
A l’image de son histoire, le dirigeable jouit d’une notoriété controversée, entre la crainte et le rêve. Aujourd’hui, cet aéronef mythique fait figure de grand absent du pourtant très varié secteur aéronautique.
Antonin Albert
Pour aller plus loin :
- http://www.portail-aviation.com/blog/2015/07/06/dossier-dirigeable-episode-1-lhistoire-des-dirigeables-pionniers-de-laeronautique/
- http://dirisolar.com/Projets/futur-dirigeables/dirigeables-dhier/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Ballon_dirigeable
- https://www.01net.com/actualites/sergey-brin-fondateur-de-google-s-appreterait-a-construire-le-plus-grand-dirigeable-du-monde-2039125.html
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